Un communiqué émanant de la direction de la culture de Constantine informe de la tenue aujourd'hui d'un concert du groupe Raïna Raï sur le site du mausolée de Massinissa à El Khroub. Constantine. De notre bureau Jusque-là, rien d'exceptionnel si ce n'est que le lieu choisi est celui-là même où, le 16 avril 2006, la ministre de la Culture avait exprimé une vive colère, allant jusqu'à bousculer physiquement le directeur de l'urbanisme de Constantine, accusant les autorités de la wilaya d'agression contre le site archéologique. Loin d'être une initiative locale, le concert de Raïna Raï est organisé, en outre, dans le cadre de la manifestation Alger, capitale de la culture arabe. Le patrimoine archéologique, en plus de la déperdition qu'il connaît et du manque de prise en charge, se trouve être encore plus fragilisé par l'organisation, à même les sites historiques qui formulent toute l'identité fondamentale des Algériens, de festivals qui n'ont cessé d'accentuer la gravité de l'état dans lequel se trouvent ces sites. Le festival de Timgad, celui de Djemila et celui encore de Guelma, et maintenant les animations artistiques retenues dans le cadre de l'événement spectacle Alger, capitale de la culture arabe indiquent une volonté avérée de dépravation et de perversion de l'importance de ces vestiges, d'autant que l'ensemble de ces sites n'est pas à l'abri, à l'image du tombeau de Massinissa à El Khroub qui subit une réelle menace, selon un récent rapport d'un organisme international spécialisé. Cette aliénation de l'histoire, pernicieusement entretenue par le département de la culture, est mise à nu par le fait que durant toute l'année aucune action sincère de sauvegarde et de réhabilitation n'est opérée sur ces sites, alors qu'il est du devoir de l'administration d'engager un travail de recherche scientifique et une prise en charge réelle de ces vestiges témoins de notre passé et de celui de nombre de civilisations. Ces vestiges appartiennent aujourd'hui à toute l'humanité et l'on a la charge de les préserver et de les fouiller au moyen de la science pour remonter les origines et identifier les paradigmes constitutifs de notre être d'hier, comprendre celui d'aujourd'hui et de là tenter de construire sereinement notre avenir. La restitution aux générations qui viennent d'une portion intacte et ne souffrant d'aucune mutilation de l'histoire, la nôtre en particulier, est un devoir civique essentiel, elle devrait être la mission première de l'administration. Cependant, il est plus que regrettable de faire l'amer constat du contraire. Khalida Toumi, qui interdit aux autorités locales d'entreprendre un quelconque travail sur ces vestiges et spécialement le mausolée de Massinissa, s'arroge le droit d'y organiser des festivités qui ébranlent la structure de ces restes historiques. C'est là un cas de profanation et un piétinement de la mémoire collective et c'est également une atteinte grave au patrimoine culturel universel que dénoncent vigoureusement les associations de défense de ce patrimoine.