Invité par le comité culturel de la ville de Constantine pour animer une soirée au théâtre de Verdure, l'illustre artiste tunisien Lotfi Bouchenak est revenu sur les questions d'actualité lors d'une conférence de presse mercredi dernier à l'hôtel Cirta. Avec une franchise qui lui est coutumière, Lotfi Bouchenak n'a pas ménagé les chaînes satellitaires arabes, coupables, selon ses termes, d'avoir favorisé la médiocrité où « n'importe qui vient chanter n'importe quoi », dira-t-il, ajoutant que « l'art n'est pas uniquement une voix et une image, mais un projet qui part des convictions pour porter un message civilisationnel ». Interrogé sur l'évolution de la chanson maghrébine, Lotfi Bouchenak révélera que celle-ci n'a pas su s'adapter à la nouvelle ère technologique, malgré la percée remarquable de certains artistes. Citant Khaled Hadj Brahim comme exemple, l'invité de Cirta dira de lui qu'il demeure unique en son genre. « Personne n'a fait comme lui jusqu'à présent et s'il a vraiment réussi, c'est qu'il y a derrière des gens qui croyaient en ses capacités ». Un spectacle mémorable Après une expérience réussie avec cheb Khaled, Lotfi Bouchenak révélera qu'il prépare un nouveau projet avec un artiste algérien bien connu établi en France, sans pour autant le citer. Consacré par l'Unesco comme ambassadeur de la paix, Lotfi Bouchenak, qui a des origines bosniaques, annoncera qu'il a décidé de verser les recettes de son dernier album au profit d'une association de lutte contre le sida à Constantine. La pluie qui s'est abattue sur la ville, jeudi en fin d'après-midi, a suscité des angoisses chez les organisateurs. Ce n'était finalement qu'un orage de passage, car l'affluence des familles constantinoise vers l'espace du théâtre de Verdure a dépassé toutes les attentes. Arrivé vers 20h30, Lotfi Bouchenak ne fera son apparition sur scène qu'une heure plus tard, face à un public impatient qui l'a accueilli avec les honneurs. Toujours fidèle à ses engagements artistiques, Lotfi Bouchenak a choisi d'entamer la soirée par trois mouwachahet avec l'interprétation des chansons en hommage à l'Egyptien Sayed Derwiche, avant d'enflammer l'ambiance avec des partitions célèbres de son riche répertoire. L'assistance, restée branchée jusqu'à un heure tardive, s'est laissée emporter avec l'artiste à travers les chansons Habitek oua Tmanitek, Habit ou thabit, Hadi ghnaya lihoum, Nessaya, Lemraya et autres succès qui ont marqué une soirée mémorable terminée en apothéose, grâce à une bonne organisation où le grand mérite revient surtout à un public connaisseur des grands jours.