Un exécutif indépendant en poste depuis deux ans, cela paraît donner satisfaction dans la commune de Bouzeguène. Un régime d'ascète imprimé à la gestion de l'APC, sautant les heures de repas et ouvrant la réception tous les jours de la semaine. Mais le dynamisme de ce dernier mandat a du mal à couvrir l'énorme retard enregistré dans le développement local. Une commune de 30 000 habitants, comptant une forte communauté émigrée qui donne à la localité une fausse image de richesse, ne dispose même pas d'une zone d'activité. Les ressources propres à la collectivité sont quasi nulles, en l'absence d'activités économiques, à l'exception des artisans et des constructions individuelles. L'ouverture de la route menant à Boubhir permettra de viabiliser des terrains à Azaghar qui pourront recevoir un projet de zone d'activité. Le président de la chambre de commerce et d'industrie de Tizi Ouzou a affiché sa disponibilité pour le lancement de ce projet susceptible de donner un souffle au développement économique dans la localité. La commune se retrouve dans l'obligation de dépasser le temps des subventions, d'autant que celles-ci sont distribuées d'une façon irrationnelle. Les aides à l'habitat rural, à titre d'exemple, sont affectées au même niveau que toutes les communes quelle que soit leur importance en termes de population. Parfois, la proportion est carrément inversée. Bouzeguène a reçu 230 aides pour l'habitat rural, pour une population de 30 000 habitants, alors qu'une commune voisine de 5000 habitants en a reçu 3000. « Nous avons 600 dossiers complets qui attendent de bénéficier du programme d'habitat rural. Notre quota est déjà consommé », nous dit le P/APC. Les subventions du filet social sont pareillement inadaptées à l'importance des communes. Pour la commune de Bouzeguène, 80 postes Esil ont été dégagés, cette année, par la direction de l'emploi des jeunes, payés 2300 DA par mois. La direction de l'action a affecté 60 postes IAIG (3000 DA). Les diplômés universitaires au chômage ont eu droit à six postes de préemploi. Cette pression sur les postes du filet social, auxquels accourent des centaines de jeunes, traduit la détresse sociale qui affecte de larges catégories de la population. « L'habitat rural et le filet social sont les deux points qui reviennent dans les requêtes des citoyens que nous recevons. Nous demandons une rallonge de nos quotas pour répondre aux nombreuses demandes non satisfaites », signale le maire. Les programmes émanant de la direction de la jeunesse et des sports gagneraient aussi à être conçus de manière à répondre aux attentes du plus grand nombre. Deux projets de stade ont été affectés à la commune, alors que le financement en question peut couvrir la réalisation de dix aires de jeu. « On peut se passer des vestiaires et de la clôture. Nous disposons d'une vingtaine de terrains qui demandent seulement le drainage et le tuf », disent les élus. Des interrogations se posent au sujet du complexe sportif de proximité, qui se réduit pour l'heure à une salle de sport et une cafétéria, non ouvertes. La direction de la jeunesse est interpellée pour relancer les travaux, notamment la réalisation du stade, et affecter un gardien pour éviter la dégradation des locaux réalisés. Les localités retirées regorgent de projets inscrits, dotés de budgets, lancés puis abandonnés.