L'option de privatisation des filières publiques de l'agroalimentaire, des textiles, de peaux et cuirs a été clairement annoncé dans le document « Remarques sur la stratégie industrielle au niveau des entreprises publiques » élaboré par le gouvernement et remis à la centrale syndicale. Pour ses filières, lit-on dans ce document, « la solution ne réside que dans l'apport de capitaux nouveaux et une gestion rénovée et dans l'insertion au travers des circuits de distribution ». Des apports que ne fourniront, souligne l'exécutif, « que la privatisation et le partenariat ». L'argument mis en avant par le gouvernement, pour justifier le désengaement de l'Etat de la gestion des filières en questions, tient au fait que, pour l'agroalimentaire notamment, « le marché est déjà conquis par le privé alors que pour les textiles, peaux et cuirs, ils seront plus exposés à l'ouverture du marché sur l'environnement extérieur ». Aussi, le gouvernement écarte toute tentative de sauvetage en indiquant que « les procédures d'assainissement financier ne seront d'aucun secours pour les entreprises de ces secteurs ». La raison avancée en est que « l'Etat n'a pas des moyens financiers excédentaire à consacrer à ce problème ». Si, toutefois, les arguments présentés dans le document de l'exécutif concernant la privatisation du secteur public de l'agroalimentaire sont plus au moins fondés, eu égard à la prédominance du privé dans tous les segments de ce secteur (60% pour les transformations, de céréales, 99% pour les boissons gazeuses, 60% pour les jus, 40% du marché de l'huile et 100% pour le sucre), ceux présentés, en revanche, à l'endroit de la privatisation du secteur du textile, peaux et cuirs sont contredits par la fédération du secteur affiliée à l'UGTA. Ce secteur d'activité, qui emploie actuellement plus de 24 000 salariés répartis sur 70 filiales, ne fonctionne qu'à hauteur de 29% d'après un rapport établi par la Fédération du textile et cuirs en septembre dernier. A ce niveau, la crise vécue, notent les rédacteurs du rapport, est la résultante « de la défaillance de l'Etat en matière de régulation du marché ». Un marché livré à une « concurrence déloyale alimenté par des frontières passoires ». Le secteur du textile et cuirs peut, même dans l'état actuel des choses, note la fédération dans son rapport, « contribuer à la perspective de création de 2 millions d'emplois de par sa taille et sa dispersion à travers le pays ainsi que l'équipement disponible qui est loin d'être obsolète »