Après deux jours d'embrasement presque généralisé de ses massifs montagneux suite à la série d'incendies qui se sont déclarés dans une grande partie de ses communes, comme El Kseur, Tala Hamza, Tichy, Boukhelifa, Oued Ghir, Adekar, Semaoun, Ouzellaguène, Barbacha, Beni Ksila, Darguina et Melbou, la wilaya de Béjaïa a connu un retour progressif à la normale avec l'extinction, dans la soirée de jeudi, de l'ensemble des foyers et une baisse sensible des températures à partir de la matinée de vendredi. Joints hier par téléphone, les services de la Protection civile n'avaient toujours pas établi de bilan définitif de ces catastrophes. Avec les éléments de la conservation des forêts, ils se trouvaient toujours à pied d'œuvre pour mesurer avec précision les dégâts occasionnés par les feux, même si l'on sait d'ores et déjà que, fort heureusement, on ne déplore aucune perte humaine. Outre les centaines d'hectares de forêts, de maquis et de vergers partis en fumée, quelques dizaines de citoyens, à Boukhelifa et à Taourirt Larbâa notamment, ont vu leurs maisons dévorées par les flammes. Jusqu'à hier en fin d'après-midi, beaucoup des localités et des quartiers touchés par les incendies souffraient toujours du manque d'eau courante et d'électricité. Selon un responsable de la Protection civile joint jeudi dernier par téléphone, les dégâts occasionnés au couvert végétal par les 25 incendies simultanés de mercredi dernier sont extrêmement sévères. On parle, à titre d'exemple, de 20% de la forêt d'Ath Vimoune, sur l'axe Tala Hamza - Boukhlifa - Tichy. On évoque également Taourirt Ighil, Bourbaâtache et Boukhiyama au rang des localités qui ont vu une vaste partie de leurs forêts détruite par les feux. Au plus fort de la fournaise, beaucoup de citoyens, luttant avec des moyens dérisoires contre les incendies et se sentant abandonnés par les autorités de leurs localités et de leur pays, ont lancé de véritables cris de rage et de détresse. Même avec la quasi-totalité de leurs moyens humains et matériels sur le terrain, en plus de l'aide des volontaires, des bénévoles et des renforts apportés par les agents de certaines communes ou de la conservation des forêts, cela n'a pas suffi à faire face à tous les sinistres. Les sapeurs-pompiers, avec le courage et l'abnégation qu'on leur connaît, se sont dans beaucoup de cas contentés de protéger les populations et les habitations tout en regardant avec impuissance se consumer les forêts. A Béjaïa, si tout le monde est conscient que l'on a frôlé le pire et que le bilan aurait pu être plus dramatique, beaucoup de citoyens s'interrogent désormais sur l'efficacité des moyens mis par l'Etat dans la lutte contre les incendies.