Depuis son inauguration en 2001, le marché communal de Hydra, sis à la cité Sellier, ne fonctionne pas à plein régime. Des locaux qui font face aux étals de fruits et légumes ainsi que le bâtiment central abritant plus d'une cinquantaine de commerces, n'ont pas ouvert leurs portes. Les bénéficiaires n'y ont pas accédé malgré la liste qui a été confectionnée au temps du premier mandat. Le décor, qui s'offre à ceux qui y vont, y est des plus lugubres. Les vendeurs étalent où bon leur semble leurs marchandises, sans se soucier d'une quelconque autorité. « Le chef du marché, en congé, ne semble pas trop faire cas des doléances des habitants qui viennent y faire emplette », soutient un marchand. Le jour même de l'ouverture des offres d'adjudication, ajoute-t-il, des jeunes de la cité populaire sont montés au créneau, dénonçant les pratiques des élus de l'assemblée d'alors. Des écriteaux « local réservé » ont été collés aux vitrines. « Le marché est entaché d'irrégularités. Ces élus se sont adjugés les locaux commerciaux et en ont fait bénéficier leurs copains et des membres de leur famille », relève-t-il. Mis au courant, l'ancien wali d'Alger, venu inaugurer en grande pompe ce marché couvert, le seul de la commune, décidera d'ouvrir une enquête sur les pratiques qui ont fait monter au créneau les populations de la cité. Une enquête qui n'a jamais livré ses secrets. Les jeunes bénéficiaires de locaux commerciaux ne se sont pas manifestés, craignant des conséquences fâcheuses. Au bâtiment central, les graffitis et autres saletés sont omniprésents. Sur les 32 étals de fruits et légumes, seuls 8 sont exploités. « Il n'y a qu'à voir l'état dans lequel se trouvent les étals des quelques rares commerçants encore en activité. Malgré nos incessantes demandes, ni le gaz de ville encore moins des sanitaires n'en ont été installés, rendant le lieu un véritable urinoir », déclare un marchand qui est là depuis l'inauguration. « Sauf que dans leur ingéniosité, les élus de l'Apc ont installé des néons et autres prises électriques à des commerçants qui n'ont en pas besoin, puisque le marché se vide dès midi », assure notre interlocuteur, insistant sur le fait, que les actuels élus doivent être poursuivis par la justice pour « gaspillage éhonté de deniers publics ». « L'actuel maire, au lieu de crever l'abcès et de régler la situation, s'est contenté d'attribuer des étals à des personnes pour des raisons électoralistes », accuse-t-il. Ces jeunes, manquant d'expérience, ont mis la clef sous le paillasson après quelques jours d'activité. D'autres en ont profité pour sous-louer ces étals à raison de 8000 DA/ mois, alors que des centaines de chômeurs de cette cité n'ont trouvé que les trottoirs pour étaler leurs marchandises et subvenir à leurs besoins. « L'Apc s'est contentée de repeindre à trois reprises le marché, alors que le plus urgent était d'attribuer les locaux à ceux qui y ont droit » affirme un habitué du marché. Pour notre interlocuteur, les élus de l'Apc ne se manifestent qu'occasionnellement. Les ambassadeurs et autres résidents étrangers, habitant à proximité, n'ont jamais remis les pieds dans ce centre de commerce, à cause de l'insalubrité et de l'anarchie qui y règnent. La wali déléguée de la circonscription de Bir Mourad Raïs ne se manifeste que rarement, comme si les doléances des habitants des quartiers populaires « n'ont aucune chance de trouver une oreille attentive », conclut d'un air désolé, notre interlocuteur.