L'Union européenne pourrait débloquer jusqu'à 600 millions d'euros cette année pour aider la Grèce à faire face aux conséquences des incendies. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a survolé samedi le Péloponnèse, toujours en proie à de violents incendies depuis neuf jours, avant d'assurer la Grèce de la « solidarité » financière de l'UE pour venir en aide aux régions sinistrées. Si la situation s'est améliorée sur l'île d'Eubée (nord-est d'Athènes) en début de soirée, trois gros incendies de forêt continuaient à faire rage en Laconie, en Arcadie et en Messénie, dans le Péloponnèse (sud). Arrivé dans la nuit à Athènes pour témoigner de la « solidarité » de l'UE vis-à-vis de la Grèce, José Manuel Barroso a survolé en hélicoptère les paysages désolés du Péloponnèse avec le Premier ministre Costas Caramanlis. « Nous ferons tout notre possible pour soutenir la Grèce », a-t-il assuré, ajoutant que la commission était « prête à recevoir les demandes après les évaluations économiques et écologiques nécessaires pour ouvrir le fonds d'aide », sans pour autant chiffrer le montant de cette assistance. La veille, la commissaire européenne à la Politique régionale, Danuta Hübner, avait annoncé que l'UE pourrait débloquer jusqu'à 600 millions d'euros cette année pour aider la Grèce à faire face aux conséquences des incendies, dont 200 millions issus du Fonds de solidarité créé pour réagir rapidement en cas de catastrophe majeure. Elle a retenu pour évaluer les dommages le montant de 4 milliards d'euros cité par plusieurs médias, qu'elle a toutefois jugé « exagéré ». Evoquant les paysages dévastés qu'il a survolés en compagnie du Premier ministre grec, M. Barroso a fait un parallèle avec les incendies au Portugal en 2003. « Mais ce que j'ai vu est réellement différent en raison du nombre et de la densité des fronts », a-t-il poursuivi. Les feux ayant essentiellement ravagé des zones agricoles de faible importance, les conséquences de la catastrophe seront « limitées » sur le plan économique, avait estimé vendredi le ministre de l'Economie, Georges Alogoskoufis, jugeant qu'elles ne devraient pas excéder 0,3% du PIB. Selon un premier bilan des préfectures touchées, 250 000 oliviers ont brûlé, alors que la récolte des olives devait commencer à l'automne. Plus de 40 000 têtes de bétail, moutons et chèvres, ont péri. Des milliers d'hectares de forêt sont aussi partis en fumée dans ces incendies, au moins 150 000 dans le seul Péloponnèse, dont les bois du mont Taygète, un site naturel classé par l'UE. Soixante-trois personnes ont trouvé la mort, principalement au début de la catastrophe, le 24 août. Objet de vives critiques pour sa gestion de la crise à près de deux semaines des élections législatives, le gouvernement conservateur a rapidement versé à quelque 36 000 sinistrés une première aide d'urgence pour un montant total de 130 millions d'euros, selon une nouvelle évaluation. La gauche, menée par le Pasok (socialiste), dont le leader Georges Papandréou est désormais au coude-à-coude dans les sondages avec le Premier ministre, y a vu une « opération sans précédent d'achat des votes ». R. I.