Les teenagers en font leur idole. Diam's, propulsée sur le devant de la scène artistique hexagonale, a fait un détour par Alger. Après avoir fait attendre son public plus de deux heures, Diam's, qui ne s'est guère départie de son bagout et sa manière toute particulière de s'habiller, fait son entrée sur scène. Point n'est pour elle de faire dans la demi-mesure. En tournée dans le monde, elle a tenu à passer par Alger qu'elle avait visité, trois ans auparavant. Toujours engagée, dans ses albums, cette écorchée vive refuse, après la sortie de Dans ma bulle, qu'on lui colle l'étiquette ringarde d'artiste engagée. Rien ne peut remplacer, pour cette Chypriote de 26 ans, la rage de l'adolescence « chopée » sur les bancs d'une école qui « nous a dicté nos codes » sans pour autant nous apprendre à mieux vivre. « Ce n'est qu'au contact de la réalité que les sentiments se forgeront, entiers et altiers », soutient-elle. Celle qui rappellera à ceux qui veulent d'une France monocolore que « (Sa) France à (elle) peut embellir la tienne et non pas la casser ».Elle écrit des textes au vitriol :« Y a comme un goût de haine quand je marche dans ma ville / Y a comme un goût de gêne quand je parle de ma vie / Y a comme un goût d'aigreur chez les jeunes de l'an 2000 / Y a comme un goût d'erreur quand je vois le taux de suicide… Y a comme un goût de démago dans la bouche de Sarko… », tonne cette « solide et masculine de la tête aux pieds ». Diam's reprend ses refrains génération nan nan récupéré par un public dont on devine aisément les penchants. Son troisième album, Dans ma bulle, sera revisité par Diam's. Double disque de platine, album musical le plus vendu en France en 2006, il a été réédité en édition collector. Dans son album, elle s'efforce de rechercher un homme. Ne l'ayant trouvé nulle part elle surfe sur Internet et exige que l'homme rêvé lui envoie un courriel. « Recherche un mec mortel/Un mec qui pourrait me donner des ailes/Un mec fidèle et qui n'a pas peur qu'on l'aime/Donc si t'as les critères, babe, laisse-moi ton e-mail. » Comment des adolescents de ce côté-ci de la Méditerranée peuvent-ils se reconnaître en elle ? Mêmes soucis et mêmes angoisses ? A voir l'engouement, on peut y souscrire. Pourtant, il en existe que seule l'ambiance a fait venir ici. Azzedine, un émigré venu de Lille, reconnaît que l'ambiance n'est pas celle d'il y a 3 ans. « Je suis plutôt soul, soutient-il, le rap je ne l'écoute que forcé. » Le concert de la rappeuse au théâtre de Verdure aura été un événement, n'était la désorganisation qui en a terni quelque peu l'image. Les reporters en connaîtront un bout, puisqu'ils se verront rabrouer par des agents d'ordre, guère coopératifs. Notre photographe a été malmenée par un organisateur invoquant le respect des « canons nouveaux » pas toujours respectés par ceux qui semblent vouloir les faire connaître.