A ceux qui avaient pu s'approcher de lui, durant les derniers jours de sa maladie — il souffrait des complications d'un cancer du pancréas — le ténor le plus populaire des dernières décennies disait : « Je reste optimiste mais je n'entends plus ma voix. » Rome : De notre correspondante Cette voix qui lui avait procuré une gloire immortelle et qui a su porter son nom dans le firmament des stars de la musique lyrique. Lui, fils d'un boulanger, voulait juste devenir enseignant, mais la passion de l'opéra, que son père Fernando lui avait transmise, en a décidé autrement, au grand bonheur des amoureux de cet art. Pavarotti se fait connaître dans le monde, d'abord en 1965 aux Usa avec l'opéra Lucia di Lammermoor. Mais c'est en 1972 qu'il y a consécration avec La fille du régiment de Donizetti au Metropolitan de New York. Depuis et pendant plus de trois décennies, big Luciano, comme l'avaient baptisé les Américains, il régnera sans partage sur le trône des chanteurs lyriques et brisera les conformismes qui maintenaient l'opéra, privilège d'une élite restreinte. En 1990, le chanteur italien eut l'idée audacieuse et gagnante de s'exhiber à Rome, avec deux autres ténors, José Carreras et Placido Domingo, lors de la finale de la coupe du monde de football. Il a vendu des millions de disques à l'occasion et a démystifié de la sorte le chant lyrique, le portant vers les masses. Quelques années après, il récidiva en échangeant son smoking contre une chemise bariolée pour diriger son groupe, Pavarotti and Friends, qui animait des concerts de musique pop au profit d'œuvres caritatives. Des stars de la musique moderne, comme Elton John, Céline Dion, Zucchero et d'autres, firent leur apparition dans sa ville natale, Modène. Pavarotti avait d'autres passions, la bonne cuisine, surtout les pâtes, il abhorrait régime, gymnastique et les chevaux. Mais la maladie eut raison de sa joie de vivre à 71 ans. Le ténor est mort dans la nuit de mercredi, dans sa maison à Modène, où le veillaient sa deuxième épouse, Nicoletta, et ses quatre filles. Dans son testament, il a souhaité : « Je veux qu'on se rappelle de moi comme d'un chanteur d'opéra. » Lors du dernier entretien qu'il avait accordé, l'été passé, à un journaliste italien, il avait confié : « J'ai eu tout de la vie. Avec Dieu, je suis quitte. » Les Italiens l'avaient vu chanter en public, pour la dernière fois, lors de la cérémonie d'inauguration des jeux d'hiver de Turin en févier 2006. Il sera inhumé aujourd'hui dans sa ville, Modène. Ciao Luciano !