La famille du jeune Nabil Idir, 26 ans, persiste à croire que son fils, décédé le 10 octobre dernier, aurait pu être sauvé si le circuit médical n'avait pas été parasité par des dérèglements et des appétits pécuniaires. Le jeune homme, pour rappel, avait eu le fémur fracturé lors d'un accident de la route, le 6 octobre dernier, et a été transféré vers l'hôpital Khelil Amrane de Béjaïa, puis vers une clinique privée sur une orientation ne souffrant aucune ambiguïté, défend la famille, de l'orthopédiste de garde au niveau de la structure hospitalière (El Watan du 27 octobre 2004). Les frères du défunt, qui semblent avoir pris le temps de voir le chirurgien donner sa version des faits dans la presse, affirment avoir des témoins du « détournement » du patient vers la clinique privée, là où le même chirurgien invoque l'existence de témoins pour soutenir le contraire. Le détail le plus troublant avancé, preuve à l'appui, mercredi dernier, lors d'un point de presse tenu par les Idir, est l'établissement du constat de décès à l'hôpital par ce même chirurgien qui, en ce fatidique 10 octobre, avait opéré le malade à la clinique privée de Oued Ghir. « Le chirurgien n'était donc pas censé être de service à l'hôpital, comment a-t-il eu toute latitude d'établir lui-même le constat de décès avec le sceau du même hôpital ? », se demande l'un des frères du défunt. Dans la foulée, les membres de la famille Idir se posent même des questions sur l'horaire exact du décès. « Tout ce que je sais, c'est que, une quinzaine de minutes après le re-transfert de Nabil vers l'hôpital de Béjaïa, dans une ambulance de la clinique, on est venu nous annoncer qu'il a eu un arrêt cardiaque », répète le frère aîné. Le 10 octobre dernier, le blessé sur lequel la complication de l'embolie graisseuse a été diagnostiquée, avait subi une opération chirurgicale à la clinique privée, puis a été redirigé vers l'hôpital, le mieux indiqué, avait jugé le chirurgien, pour prendre en charge la réanimation spécifique exigée par le cas. Tous les éléments ont été exposés aux enquêteurs du ministère de la Santé, chargés, il y a près d'une semaine, de faire la lumière sur ce qui s'est réellement passé, et devraient par ailleurs appuyer la plaine déposée par les Idir.