Les négociations sur le futur statut du Kosovo, qui doivent reprendre le 27 septembre, ressemblent à un dialogue de sourds. Ou à un de ces voyages vers l'inconnu, où il faut être véritablement armé de patience et de courage, pour ne perdre ni son souffle ni ses moyens. Encore que cette question de futur statut semble déjà en ce qui la concerne, mal posée et elle fait peur aux pays qui bordent ou constituent l'ensemble balkanique. Trop de guerres et de fractures. C'est pourquoi, estime-t-on aujourd'hui, il faut s'orienter vers une solution qui agrée toutes les parties. Un compromis afin de barrer la voie aux solutions imposées ou unilatérales. C'est dans cet esprit que les négociations directes entre les Kosovars et la Serbie sur cette question auront lieu fin septembre, a affirmé le représentant russe dans la « troïka » des médiateurs internationaux. Selon lui, « les parties ont déjà confirmé qu'un round suivant des pourparlers aura lieu » dans cette ville juste après la réunion du Groupe de contact pour le Kosovo, composé des ministres des Affaires étrangères représentant les Etats-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne, la France, l'Italie et l'Allemagne. Le médiateur russe n'a pas exclu que Belgrade serait représenté à ces pourparlers par le chef d'Etat ou le Premier ministre serbe. Pourtant « le plus important n'est pas le niveau (auquel sera représenté le pays), mais l'accord des parties d'entamer à New York un dialogue direct », a souligné M. Botsan-Khartchenko. Si ce dialogue a lieu, « et j'en suis convaincu, cela sera une étape tournante dans le processus de négociations », a-t-il ajouté. Les Etats-Unis et l'Union européenne souhaitent que les discussions sur le statut du Kosovo, menées par la troïka, se poursuivent pendant un maximum de 120 jours et s'achèvent le 10 décembre. Mais la Serbie et la Russie, son allié traditionnel, estiment qu'elles ne doivent pas être limitées dans le temps. Son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, vient d'en faire une ligne rouge. « Au-delà de la politique de non-confrontation de la Russie, il y a ce qu'on appelle des lignes rouges — celles qui représentent une réelle menace pour notre sécurité nationale ou pour l'ordre international », a-t-il dit récemment. « Parmi ces questions figurent les projets d'installation de bases antimissile en Europe centrale et la question du Kosovo », a souligné le chef de la diplomatie, fustigeant « la précipitation » que manifeste selon lui l'Occident sur ces deux questions mais aussi sur l'élargissement de l'OTAN. Sur ces points, « la Russie ne marchande pas et nos partenaires internationaux doivent le comprendre », a poursuivi M. Lavrov dont le pays reste opposée à l'idée d'une indépendance du Kosovo. Les Albanais du Kosovo, majoritaires à plus de 90%, réclament l'indépendance et s'en tiennent aux propositions du médiateur de l'ONU Martti Ahtisaari pour une indépendance sous contrôle international. La Serbie refuse toute forme d'indépendance et n'est prête à accepterqu'une large autonomie. Son ministre des Affaires étrangères, Vuk Jeremic a déclaré dernièrement que son pays était prêt à « aller très loin » pour aboutir à un « compromis », tout en insistant sur le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de son pays. Par « compromis », la Serbie entend une « réconciliation de ses demandes légitimes de préserver sa souveraineté et son intégrité territoriale, comme tout autre pays au monde en a le droit, avec les demandes légitimes de la communauté albanaise du Kosovo pour un degré maximum d'autonomie », a expliqué le ministre. Le chef de la diplomatie a, toutefois, souligné que la Serbie « s'oppose fermement à toute division de son territoire ». « Nous sommes prêts à parler avec les Albanais de l'exercice de l'autonomie, mais nous n'allons accepter aucune violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de notre pays démocratique, reconnu internationalement », a-t-il martelé. M. Jeremic a insisté sur le besoin que Pristina et Belgrade trouvent une solution de compromis, car « tout compromis est préférable à une solution imposée ». Quant au commissaire européen à l'Elargissement, Olli Rehn, il s'est montré défavorable à l'idée d'une partition du Kosovo, à moins que Belgrade et Pristina ne s'accordent sur cette solution pour régler la question du statut de la province serbe. Comment donc réparer des injustices ? L'exercice s'annonce difficile mais pas impossible.