Serbes et Kosovars albanais ont engagé, hier à Vienne, des entretiens en tête à tête sur le futur statut du Kosovo alors que Belgrade refuse de voir la province administrée par l'ONU accéder à l'indépendance. Ces discussions, qui doivent durer un jour et demi, porteront officiellement sur “la décentralisation”, mais la question de l'indépendance sera au moins présente en toile de fond. L'envoyé spécial de l'ONU pour le Kosovo, le Finlandais Martti Ahtisaari, chargé d'orchestrer l'ensemble des négociations sur le statut, n'est pas parvenu à rapprocher les positions en dépit d'une navette diplomatique entre Belgrade et Pristina. Alors que les Albanais du Kosovo, majoritaires à plus de 90%, réclament l'indépendance, Belgrade entend maintenir sa souveraineté sur une province qu'elle considère comme le berceau de la culture serbe. Le président serbe, Boris Tadic, a proposé récemment que le statut du Kosovo ne soit décidé qu'après une “période de grâce de vingt ans”, une suggestion que le Premier ministre du Kosovo, Bajram Kosumi, a catégoriquement rejetée. Le Groupe de contact pour le Kosovo — Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, Russie et Etats-Unis —, qui seconde M. Ahtisaari, s'est efforcé depuis de calmer le jeu. De son côté, l'ONU insiste pour que le gouvernement kosovar albanais, comme l'exige Belgrade, enregistre enfin des progrès dans l'application de “normes démocratiques”. Il s'agit notamment d'assurer la sécurité et la liberté de mouvement des quelque 80 000 Serbes restés au Kosovo où ils vivent généralement isolés dans des enclaves protégées par les forces de l'OTAN, déployées pour assurer la paix après le conflit de 1998-1999.