Ali Benhadj, l'ex-numéro 2 du parti dissous, sera présenté aujourd'hui au parquet de Sidi M'hamed pour « atteinte à la sûreté de l'Etat, atteinte à la personnalité du Président, outrage à l'institution militaire et apologie du terrorisme », a-t-on appris de source judiciaire. Il avait été interpellé par des agents de la police judiciaire dimanche dernier alors qu'il sortait de chez lui à Kouba ( Alger) pour être dirigé vers le commissariat central où il a été entendu sur les propos incendiaires tenus il y a deux semaines à la chaîne de télévision Al Hiwar, contre l'Armée et particulièrement contre le défunt général-major Smaïn Lamari, patron des services secrets algériens. Ces chefs d'inculpation sont très lourds puisque l'article 46 de la loi portant réconciliation nationale prévoit le double de la peine retenue par le code pénal, « lorsque les auteurs ont une responsabilité dans la tragédie nationale ». Ali Benhadj avait déclaré : « Smaïn Lamari est aujourd'hui à la maison de l'Eternel, et si sa tombe était en Grande-Bretagne, on aurait sorti son corps pour qu'il soit jugé comme l'ont été de nombreux apostats dans le monde arabe et islamique (...), il est responsable de la disparition, de la mort et de l'exode de milliers d'Algériens. » Il a précisé que ses accusations visent également toute l'institution militaire qui a dirigé « le coup d'Etat » de 1992 et au sein de laquelle Lamari « constituait le noyau dur qui tuait en Algérie et à l'étranger ». Poussant le bouchon très loin, il a estimé que l'institution militaire doit être « nettoyée de ces criminels et tueurs qui la composent comme le général de corps d'armée, comme ceux qui sont à la retraite, comme le général Toufik, et d'autres encore plus nombreux qui doivent être jugés. Je ne parle pas de personnes, mais de ceux qui dirigent l'armée, ceux qui étaient responsables des jeunes appelés, envoyés dans les montagnes pour se faire tuer alors que leurs enfants sont gardés bien au chaud chez eux (…). Je demande même une enquête sur les richesses de ces généraux ». Des propos qui lui ont valu d'être interpellé pour être présenté aujourd'hui au parquet. C'est la seconde fois que Ali Benhadj fait l'objet d'arrestation pour ses déclarations. La première a été celle qui lui a valu une peine de prison. Il avait tenu des propos justifiant l'enlèvement des deux diplomates algériens en Irak, et suggérant même leur assassinat. Un message que les ravisseurs ont bien compris puisque les deux otages ont été exécutés. Le parquet d'Alger s'est auto-saisi pour poursuivre et condamner à 3 ans de prison Ali Benhadj pour apologie du terrorisme. Mais, il ne finira pas sa peine puisqu'il a été touché par la grâce présidentielle entrant dans le cadre de la loi sur la concorde civile. Moins d'une année après, il revient sur la scène médiatique pour tirer sur l'ambulance. Lui qui n'a jamais voulu reconnaître publiquement que son fils, Abdelkahar, fait partie des plus proches de Droukdel, dit Abou Mossaab, l'émir du GSPC, ou Al Qaïda au Maghreb islamique.