Le frère de l'ex-numéro deux du parti dissous a été également placé sous contrôle judiciaire par le même magistrat. “Atteinte à la sûreté de l'Etat, apologie du terrorisme international et appel au meurtre” ; ce sont les chefs d'inculpation retenus contre Ali Benhadj. Après sa comparution hier devant le procureur du tribunal d'Hussein Dey, il est passé devant le juge d'instruction qui a décidé de l'écrouer. Le représentant du ministère public a requis le placement de l'accusé sous mandat de dépôt. Après son audition, il a été conduit à la maison d'arrêt d'El-Harrach. Eu égard à la gravité des charges retenues contre lui, Ali Benhadj sera jugé par un tribunal criminel, et la loi prévoit de lourdes peines pour ce genre de crime, à savoir entre 5 et 10 ans de réclusion. Pour rappel, Ali Benhadj a été arrêté mercredi dernier par la police suite à l'interview qu'il a accordée à la chaîne de télévision Al-Jazeera. Privé de ses droits civiques pour une durée de 5 ans, à partir de la date de sa libération, le 2 juillet 2003, il a violé ainsi cette interdiction. Pour rappel, l'ex-numéro deux du parti dissous avait refusé de signer la notification le privant de ses droits civiques. Convoqué dès sa sortie par le parquet de Sidi M'hamed, il avait décidé de ne pas parapher la notification, mais malgré son attitude, il est tenu de ne pas outrepasser les 10 interdictions le frappant, dont celle de ne faire aucune déclaration publique. Pourtant, depuis sa sortie de la prison militaire de Blida, Ali Benhadj a fait parler de lui à plusieurs reprises. Dès sa libération, il a pris attache avec plusieurs chefs terroristes ayant bénéficié de la grâce et des repentis du GIA, du GSPC ou de l'AIS. C'est ainsi qu'il a rencontré Madani Mezrag, Ali Belahdjar et Mustapha Kartali. Il recevait chez lui et se déplaçait énormément. Il s'était rendu, également, à la mi-janvier 2004, à jijel où il avait rencontré Madani Mezrag. Transgressant les interdictions le frappant, il se déplaçait fréquemment et se montrait publiquement dans les mosquées situées dans les fiefs du terrorisme. Il faut noter aussi que les largesses accordées à Abassi Madani ont encouragé son lieutenant à braver la loi. Privé lui aussi de ses droits civiques, l'ex-numéro un du FIS dissous a pu obtenir un passeport et quitter le territoire pour aller se soigner en Malaisie. Les activités de Ali Benhadj lui ont valu déjà une convocation par la police le 13 janvier 2004. Lors de son audition par la police, il avait affirmé que ses “activités entraient dans un cadre légal”. Le PV d'audition a été transmis à la justice qui n'avait pas jugé opportun à l'époque d'ouvrir un dossier. Cette fois-ci, en revanche, un dossier est ouvert et l'affaire suivra son cours car il s'est rendu coupable de graves faits tombant sous le coup de la loi. Même s'il a comparu hier sans ses avocats, il peut être jugé par un tribunal criminel sans une défense. D'ores et déjà, les avocats susceptibles de le défendre estiment que “les propos et les images contenus dans une cassette, un film ou sur un tout autre support ne peuvent être considérés comme preuves, car ils peuvent être manipulés”. L'instruction devra durer plusieurs mois avant la comparution de l'accusé devant un tribunal criminel. Saïd Ibrahim