Larges sourires et poignées de main chaleureuses. Entre les chefs de file des partis de l'Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP) la lune de miel est plus vraie que fausse. Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem, respectivement secrétaire général du RND et du FLN et Boudjerra Soltani, président du MSP, ont pompeusement célébré hier leurs retrouvailles à Alger. A l'occasion, la présidence tournante de l'alliance échoit – avec près de six mois de retard – au MSP. Les petites frictions estivales et autres critiques émanant des « frères d'armes », vites oubliées, Abdelaziz Belkhadem, président sortant de l'alliance et chef du gouvernement en exercice rassure sur la « bonne santé » de la coalition. Celle-ci se porte merveilleusement « bien », dit-il à l'entame de la rencontre. M.Belkhadem dresse un bilan positif de sa présidence qu'il juge « riche en concrétisations ». Visiblement touché par les critiques acerbes dont il fait l'objet, le SG du FLN répond avec virulence à ses détracteurs qu'il n'a à aucun moment nommés. Ses partenaires de l'alliance, l'air très peu concernés par ses répliques au vitriol données dans un arabe châtié, l'écoutent attentivement prendre publiquement sa revanche. Ceux qui misaient, d'après lui, sur le démantèlement de l'alliance, les « oiseaux de mauvais augure » qui ont prédit une rentrée sociale survoltée, les « nageurs en eaux troubles » pour reprendre ses expressions, n'ont pas réussi dans leur mission. L'alliance, déclarait-il en substance, restera fidèle comme au premier jour de sa création au président de la République et à son programme et qu'elle est appelée davantage à travailler ensemble pour le faire aboutir. M.Ouyahia qui succédera à M.Belkhadem au pupitre recentre les débats et les priorités qui se déclinent, selon lui, en quelques points essentiels tournant autour du soutien à la politique de réconciliation nationale qui « va de pair avec la lutte antiterroriste » et l'appui au président de la République. L'alliance, dit-il, n'a rien de conjoncturel et elle est appelée à se dynamiser davantage, notamment dans le cadre parlementaire et également au sein des futures assemblées locales. M.Ouyahia enterre froidement la hache de guerre et Aboudjerra Soltani fait de même. Du moins en apparence. Le président du MSP et ministre d'Etat sans portefeuille accable sur le ton de l'humour la presse responsable, d'après lui, d'avoir donné existence au prétendu climat délétère qui régnerait au sein de l'alliance. « Nous, au sein de l'alliance, on n'a rien senti de ces prétendues secousses, peut-être que les journalistes étaient dans les wagons de derrière. » Voilà qu'il fait amende honorable, mais pas pour longtemps. Un gouvernement ou une coalition, souligne-t-il, doit parfois se faire violence et accepter l'autocritique : « C'est un signe de bonne santé », déclare-t-il. Le cheikh qui assurera donc la présidence de l'alliance pour les trois prochains mois, n'est pas près d'en faire un passage à vide devant ses alliés, il donne lecture d'une « feuille de route », des « propositions » qui seront soumises à l'approbation de l'alliance. Dans celles-ci figurent entre autres des textes législatifs qui atterriront au niveau de l'APN. La loi sur les partis et le code communal et de wilaya sur lesquels le MSP compte peser lourd.