Deux policiers tués et cinq personnes blessées, dont deux civils, tel est le bilan de l'attentat à la bombe perpétré avant-hier à moins de deux heures de la rupture du jeûne devant la cité de police de Zemmouri, à 12 km à l'est de Boumerdès. Les morts, M. Mokadem et H. Boukhalfa, tous deux exerçant à Boumerdès, sont originaires de Bouira. Ils étaient assis au pied du mur de la clôture de ladite cité, à droite de l'entrée principale, lorsque la bombe, dissimulée à cet endroit précis où les résidents ont l'habitude de se rencontrer, a explosé, selon des témoignages recueillis hier auprès des habitants des bâtiments des cités mitoyennes. Un autre policier, grièvement atteint et qui serait amputé d'une jambe, revenait du marché du coin où il a fait ses emplettes. « Il était 17h30 environ lorsque nous avons été surpris par une forte déflagration. Nos voisins policiers étaient regroupés là-bas (désignant l'endroit exact) et soudain c'est la catastrophe. Des lambeaux de chair humaine, les membres inférieurs des deux corps ont été éjectés dans différentes directions et ont atterri dans plusieurs endroits à des dizaines de mètres à la ronde. Ce sont nos voisins et amis, pourquoi leur fait-on cela en ce mois sacré où la tolérance et la paix sont censées régner ? », nous déclaraient hier des jeunes habitant les bâtiments alentours. Les habitants des cités 150 et 450 Logements incriminent les autorités locales, en citant nommément l'APC « qui a laissé s'installer un marché anarchique dans notre cité ». Sans omettre de condamner fermement ces attentats et de dire toute leur opposition aux terroristes. « Pouvez-vous savoir ce que transporte et ce que dépose toute personne qui fréquente ce marché ? Regardez ces baraques, locaux commerciaux de fortune érigés dans les quatre coins de la cité. Voyez ces amas d'ordures qui ont envahi notre cité. Et comme si un malheur ne suffisait pas, l'APC a déplacé la gare routière dans notre cité. Toute cette anarchie contribue à favoriser un climat de violence lorsqu'elle n'en est pas directement la génératrice », ajoutent nos interlocuteurs. La cité de la police, faite de trois bâtiments entourés d'une clôture et située à quelques dizaines de mètres du commissariat en contrebas, n'a aucune sécurité particulière. Sur son mur de clôture des tags résument à eux sels le désarroi d'une jeunesse aux abois parmi laquelle recrutent les groupes terroristes du GSPC, devenu Al Qaïda au Maghreb. « Al harba (la fuite), vive l'Italie » et d'autres slogans se mêlent à des dessins caricaturant le quotidien des Algériens. Notre présence sur les lieux a coïncidé avec l'arrivée des cercueils des victimes et le wali de Boumerdès, accompagné du chef de la sûreté de wilaya, venus rendre visite aux familles éplorées qui n'ont que leurs yeux pour pleurer leurs enfants. « Les obsèques auront lieu dans leurs villages respectifs à Bouira. Nous avons juste ramené ici les corps pour permettre aux familles et aux proches de jeter un dernier regard sur les leurs », nous a dit un policier. Des habitants du quartier qui ont déclaré que l'engin a été enfoui sous terre à cet endroit même où se regroupent les résidents de la cité en fin de journée nous ont confié que l'été dernier un autre attentat avait été déjoué. Les forces de sécurité avaient alors pu désamorcer la bombe. Mais cette fois-ci, on n'a rien vu venir. Cela pour dire que les éléments des forces de sécurité ont de tout temps été la cible des terroristes, qui ne ratent aucune occasion pour s'attaquer à eux. D'autant plus à Zemmouri où la seriet locale de l'ex-GSPC compte plus d'une trentaine d'éléments. Sans compter ceux qui viennent des communes de Si Mustapha et Thenia. L' émir de cette seriet basée à la forêt de Chouicha, selon les investigations des services de sécurité, en l'occurrence Khelifi Youcef, a été condamné à plusieurs reprises par la cour de Boumerdès à des peines allant de 20 ans de prison ferme à la condamnation à mort.