Le premier week-end du Ramadhan 2007 a été particulièrement chaud. Ainsi, les familles du Sud ont renoué avec le Ramadhan estival où la table se métamorphose pour contenir le plus possible de liquides frais et à leur tête l'eau et le lait glacés. Ouargla : De notre bureau Outre les liquides indispensables par plus 45°C, la table est principalement constituée de dattes fraîches aux couleurs bigarrées et aux saveurs multiples. Bien évidemment, la variété Gherss est la plus consommée vu sa disponibilité et son prix, mais le verger permet heureusement encore de goûter à Timjouhert, Tinessrit et la belle Bent Khbala qui subsistent dans nos palmeraies malgré une logique commerciale qui fait que Deglet Nour constitue les trois quarts du verger et ronge le patrimoine génétique de notre pays. L'Algérie peut être fière de compter un millier de variétés de dattes qui permettent à ses habitants de manger une multitude de dattes fraîches qui se succèdent pendant la moitié de l'année et d'en conserver autant durant l'autre moitié. Deglet Nour, adorée de tous et dont le prix est le plus élevé est aussi la variété la plus tardive. Elle ne sera commercialisée qu'à partir de la mi-octobre soit à la fin du Ramadhan, au grand dam de ses amateurs qui devront se contenter de celle de l'année dernière. Pour les gens du Sud, c'est sans regret, car dans la culture locale, la datte ancienne dite gbourie ne peut en aucun cas supplanter la datte fraîche disponible en quantité et en qualité. Des dattes dites communes ou à faible valeur marchande. Des qualifications qui ne les dégradent point aux yeux des connaisseurs. Elles sont dorées, cuivrées voire violacées. Des couleurs vives qui diffèrent selon la variété et le degré de maturité, car qui dit datte fraîche dit soit datte immature doit datte mi-mûre. La première, à la chair croquante et la pulpe blanche, possède une saveur sucrée légèrement âpre, prisée par les enfants qui sont les premiers à les cueillir. Les oasiens préfèrent quant à eux les dattes mi-croquantes mi-mûres, car elles sont plus délicieuses et leur saveur inégalable. Quand bien même le lait aurait augmenté de prix, réduisant à coup sûr la consommation quotidienne des familles, les primeurs de dattes n'en sont pas moins consommées en grandes quantités par toutes les franges depuis la fin mai pour les habitants du Touat, du Gourara et du Tidikelt et la mi-juin pour ceux d'Oued Righ, des Ziban et du pays de Ouargla. Le Ramadhan est donc une occasion de plus pour consommer ce produit du terroir gorgé de soleil, riche en eau (65 à 70%) comme la plupart des fruits frais, en glucides (25 à 27 g aux 100 g), ce qui le rend énergétique après une journée de jeûne en plein été, car il renferme 118 cal contre 50 à 70 cal en moyenne dans les autres fruits frais. C'est l'un des fruits les plus riches en potassium, en calcium, en magnésium, en fer, en cuivre, en zinc et en manganèse, en plus des fibres et de la vitamine C. Les dattes fraîches du Sud ne sont hélas pas très connues en dehors des zones de production faute d'un bon circuit de commercialisation. Nos concitoyens du nord du pays n'en connaissent ni les variétés ni les couleurs et encore moins les saveurs. Les commerçants gagneraient à les faire découvrir et apprécier, d'autant plus que leur prix est nettement inférieur à Deglet Nour de l'année dernière, puisqu'il s'échelonne entre 50 et 110 DA selon la variété.