Le Ramadhan en plein été, ce n'est point du jamais-vu ou vécu. Tous les quadragénaires et au-delà s'en rappellent, et si son ambiance en cette époque de l'année demeure “floue” et “vague”, la guerre que se sont livrés l'Irak et l'Iran doit forcément “titiller” leurs souvenirs du “grand évènement estival”. C'était le début de la décennie 1980. L'Algérie venait de perdre un président de sa République et le PAP (Programme anti-pénurie) battait son plein sous son successeur. À partir de l'année courante et pour au moins une dizaine d'années, le mois sacré “bousculera” la saison estivale. Et les fidèles devront passer environ quinze heures sans manger ni boire, chaque jour, 29 ou 30 lents et longs jours durant. Un exercice éprouvant surtout pour ceux qui “découvriront” le jeûne “estival” pour la première fois. “Ce sont les premiers jours qui demeurent toujours les plus durs. Une fois entamés, on finit par s'y habituer !” assure Madani, qui a pourtant pris l'habitude à prendre son congé annuel au mois sacré. Question de se “libérer” et de se dérober à toute sollicitation professionnelle. “Se baigner en plein Ramadhan ? C'est impensable ! Vraiment, ce n'est pas une bonne idée ! Non seulement c'est difficile puisqu'on est à jeûn, mais il y a aussi le grand risque de boire facilement de l'eau !” affirme Djamel, un féru baigneur de la station balnéaire de Stidia. Et de préciser : “Le soir, peut-être, et s'il fait trop chaud !” À moins que l'on ne soit un “potentiel mangeur” de Ramadhan, ladite opinion est partagée par tous. Une attitude largement répandue à l'origine de la brusque désertion de toutes les plages, autorisées ou pas à la baignade. Qu'il fasse canicule ou pas, en famille ou en solo, tous les estivants originaires de l'hinterland avaient plié bagage, bien volontiers et sans la moindre résistance ni regret. Ainsi, du jour au lendemain, le temps d'une soirée, et comme par enchantement, les véritables fourmilières balnéaires se sont réveillées en réels déserts. Deux tableaux particulièrement contrastants. “Vendredi passé, juste à la veille du Ramadhan, vous ne disposiez pas de la moindre place où poser vos pieds ! Un monde fou d'estivants y était !” confie un maître-nageur du poste de surveillance de la baignade aux Sablettes, la station balnéaire qui accueille la plus forte affluence d'estivants sur le littoral mostaganémois. “Aujourd'hui — au troisième jour du Ramadhan — faites-en le constat vous-même ! Plus un chat !” poursuit l'agent de la Protection civile. Au beau milieu de l'immense étendue de sable, quelques rangées de parasols “peuplaient” encore le site, mais il n'y avait pas âme qui vivait. Plus loin, quelques petites embarcations, abandonnées çà et là, “cuisaient” sous le soleil de plomb. À l'amont, la cité fantôme, balayée par la vivifiante brise marine, appréciait l'exceptionnelle quiétude “décrétée”, et drôlement anachronique quant au site et en cette saison. Une torpeur qui s'est emparée même des chantiers de constructions qui prolongent la devanture de la station balnéaire. Vendredi passé, la veille de Ramadhan ayant relevé du week-end, pratiquement toutes les plages avaient affiché complet à Mostaganem. Les vacances ayant été anticipées ou écourtées, la foule d'estivants qui nourrissaient l'espoir avide des “marchands de sable” avait pris le chemin du retour chez soi. Dimanche, au second jour du mois sacré, il n'y avait presque plus personne. Une tendance qui sera vite suivie par les concessionnaires de solariums, de parkings et autres commerces, qui ont payé cher la place en bord de mer. Service public oblige, seuls les gendarmes et les agents de la Protection civile sont à leur poste. Et ils le seront pendant une bonne douzaine de jours, au-delà du Ramadhan !