On raconte qu'en l'an 78 après le Bien, vivait une communauté de croyants dans les confins de l'Histimal. Ce peuple pieux s'appelait les Shuds à cause de la particularité qu'ils avaient de frapper n'importe quelle femme qui passait, tradition visant à assouplir la peau, car une fois mortes les femmes du village étaient transformées en tambours. Organisée autour d'un centre de prière, d'une coopérative autogérée de semoule et d'une télévision posée au centre du village retransmettant des clips étrangers en boucle, la communauté vivait dans une relative stabilité. Mais un jour que la crise touchait l'ensemble de l'Histimal, les Shuds remarquèrent que l'imam jouissait d'un grand respect et était bien payé, surtout depuis l'augmentation des salaires de la Fonction publique. Le chômage sévissant, chacun voulut devenir imam. L'imam officiel émit une fetwa disant que seuls ceux qui sont déjà imams peuvent devenir imams. Puis l'un des Shuds, devenu imam entre temps, émit une fetwa disant que tout le monde pouvait être imam s'il avait des poils. Tous les Shuds devinrent imams et les fetwas commencèrent à pleuvoir. Un Shud émit une fetwa interdisant le port des cheveux. Un Shud affirma qu'on avait le droit de toucher les seins de son oncle, un autre Shud émit une fewta disant le dos seulement. Le même jour, une fetwa interdisait la proclamation de fetwas sauf pour celui qui a donné l'interdiction le premier. Le soir, une fetwa disait que celui qui écoute sa fetwa sa mère elle chique. Puis une autre fetwa proclamait licite la viande d'enfant si elle n'est pas congelée. Une dernière fetwa interdit de respirer par le nez. Les fetwas s'empilèrent jusqu'à l'état d'urgence. Les fetwas furent suspendues et tout rentra dans l'ordre. On tua quelques femmes pour faire des tambours frais et on continua à regarder les clips étrangers sur la télévision du village.