Située à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya et relevant de la commune de Rebahia, la station thermale de Hammam Rabbi, réputée pour ses vertus curatives, est depuis deux mois sérieusement menacée par un assèchement de la source. Et pour cause, des fellahs ont, et pour la plupart sans aucune autorisation des services de l'hydraulique, procédé à des fonçages illicites de puits et irriguent leurs cultures maraîchères depuis bien longtemps, mettant en danger la survie de la station thermale et de manière accrue, particulièrement depuis août dernier. En 1990, la source s'était complètement tarie devant la furie des agriculteurs à puiser et à pomper sans aucune mesure l'eau minérale de la source. Résultat : la station thermale a dû fermer ses portes durant 6 mois et les 40 travailleurs se sont retrouvés sans salaire. Il a fallu l'intervention des responsables locaux qui ont procédé à la fermeture des puits, puis carrément opté pour leur bouchage, une mesure plus persuasive et plus sûre, semble-t-il et la station de Hammam Rabbi avait repris contact avec sa fidèle clientèle qui venait se détendre, se baigner, recevoir des soins appropriés et profiter de ce coin paradisiaque. Un véritable havre de paix et de tranquillité. 17ans après, le même scénario semble se reproduire, à en croire les propos de A EK Berzagui, directeur de la station thermale de Hammam Rabbi, relevant de l'entreprise de la gestion touristique de Tlemcen, « Avant, dit-il, on travaillait de 6 heures du matin à minuit et le débit de l'eau variait entre 6 et 8 litres/seconde. Maintenant, on est réduit à la moyenne de 3 litres/seconde et faute d'eau, nous ne fonctionnons que de 8 heures à 14 heures... » M. Zitouni, un ancien de cette structure touristique, renchérit : « de 800 curistes /jour, on s'est retrouvé avec 400, ce qui représente une perte sèche de 30 000 DA/jour, c'est énorme ». Et le directeur d'ajouter : « Nous avons des échéanciers et nous allons, avant la fin de l'année, procéder à l'inauguration du bloc médical pourvu de toutes les commodités afin de prodiguer aux curistes les techniques scientifiques de la crénothérapie. Quant à la restauration et à l'hébergement, elles sont de qualité, au même titre que dans les 8 stations thermales retenues et classées, dont Hammam Rabbi ». Situation alarmante Accompagné de quelques employés et du directeur en personne, nous avons constaté, de visu, le niveau de l'eau dans les principales bâches et réservoirs à eau. De nombreux curistes faisaient le pied de grue pour prendre un bain, quand un employé interpella l'agent pour lui apprendre qu'il n'y a plus d'eau. Pour de plus amples informations, nous nous sommes rapprochés de la direction de l'Hydraulique. En l'absence du directeur, M. Ladj, son intérim nous confie : « il y a deux cas de figure : ceux qui ont l'autorisation et ceux qui ne l'ont pas, mais réellement, aucun ne possède une autorisation d'exploitation, c'est à partir d'une autorisation de fonçage et sans l'aval de nos services que le fonçage prévu pour 15 m a très largement dépassé la commune mesure. Il y a deux fellahs qui ont obtenu une autorisation de fonçage avec une décision de justice, à partir de la chambre administrative d'Oran. L'huissier de justice a transmis une copie à la wilaya de Saïda. Quant à nous, nous n'avons pas été informés, ni n'avons rien reçu pour prendre les mesures qui s'imposent. » Selon nos sources, un arrêté du wali, dans les années 90, avait été établi portant l'interdiction de tout fonçage de puits dans un rayon de 100 km. Contacté par nos soins, les agriculteurs de la région se disent outrés par ce comportement. « Nous avons formulé des demandes pour le fonçage des puits et nous sommes à plus de 5 km de la station thermale et on nous a refusé sous le prétexte de zone rouge, alors qu'à 500 ou 1 000 m de la structure touristique, des puits opérationnels existent. » Pourtant, selon le journal officiel de la République Algérienne, en date du 21 février 2007, notamment les articles 16 et 18, l'on insiste sur l'impérieuse nécessité de la protection des sources d'intérêt public. « Tout sondage et tout travail souterrain ne peuvent être pratiqués, dans les périmètres de protection d'une source déclarée d'intérêt public, que sur autorisation expresse des services compétents. » Une question se pose et taraude l'esprit des gens : Pourquoi la direction de l'Hydraulique n'a-t-elle pas été sollicitée ou du moins été informée de ces fameuses autorisations ?