Les cigognes blanches quittent l'Algérie pour le sud, les canards et les foulques en provenance d'Eurasie vont bientôt arriver dans nos zones humides : l'automne est une saison importante pour la migration. Nous avons demandé à Amina Fellous, membre de l'association algérienne des amis des oiseaux, à Alger, de faire le point sur les connaissances. Des variations de lumière provoqueraient le départ Comment les oiseaux savent-ils quand partir ? Les dernières données signalent que la variation de la température, de la durée du jour, et de la quantité des précipitations ont une influence capitale sur le déclenchement de l'instinct migratoire. Chez les oiseaux hivernants partant avant d'affronter le manque de nourriture et les intempéries en hiver en Eurasie, la tendance à migrer semble consécutive à une modification d'ordre physiologique dans le rythme interne, lui-même dépendant de l'intensité de la lumière agissant sur l'hypophyse par l'intermédiaire de l'œil. Migrer de jour ou de nuit, une histoire de régulation thermique Si certains oiseaux volent la nuit, d'autres le jour, c'est une histoire de température. Chez beaucoup d'espèces, le vol migratoire s'effectue de nuit, sans doute en raison de leur métabolisme élevé et d'une mauvaise régulation thermique. Les oiseaux migrants de jour sont, quant à eux, capables d'accumuler des réserves en volant comme c'est le cas des hirondelles et des martinets. Sensibles au magnétisme et aux constellations De nombreuses hypothèses sont émises sur leur sens de l'orientation. La direction et le trajet font partie du patrimoine héréditaire de l'oiseau. Ils s'orientent d'après le soleil, les étoiles ou le champ magnétique terrestre. Certaines espèces migrant de nuit, par exemple, se repèrent et se dirigent grâce aux constellations dans le ciel de nuit. Chez quelques espèces seulement, les jeunes suivent leurs parents ou d'autres oiseaux expérimentés. Après de nombreuses expériences, la possession d'un sens de la « navigation aérienne » est clairement démontrée chez un grand nombre d'oiseaux. A noter aussi, leur mémoire visuelle très développée qui leur permet de se souvenir d'un grand nombre de repères visuels et météorologiques — relief, hydrographie, végétation — des zones survolées. Une place précise dans le groupe Le vol de migrateurs peut avoir, a priori, une forme d'apparence désordonnée, mais en réalité, chaque oiseau occupe une place précise pour ne pas gêner son voisin et former une cohésion remarquable. De nombreuses théories ont été élaborées sur le vol en V, typique des oies, canards, et grues. Une d'entre elles, contestée, avance que la forme aérodynamique du groupe permettrait à celui qui est à l'arrière de bénéficier d'énergie. Un effort physique extraordinaire L'effort physique intense que produit l'oiseau migrateur est rendu possible par l'accumulation de graisse (réserve énergétique) avant le départ ; ce stock de carburant est utilisé soit en une seule fois soit progressivement au cours du voyage. Pour certaines espèces, la traversée de la méditerranée et du Sahara qui représentent des barrières géographiques de grande étendue restent les étapes les plus hostiles dans leur voyage. Epuisés, il peuvent, par exemple, se poser sur un bateau ou parfois se reposer dans les oasis, mais ils n'y renouvellent pas souvent leurs réserves. Mieux comprendre les mouvements migratoires L'étude des migrations repose sur des méthodes relativement simples : l'observation attentive des oiseaux dans la nature et le baguage. Le suivi par balise satellite donne, avec précision et en temps réel, le déplacement des espèces ciblées encore assez cher. En Algérie, il n'existe pas encore un centre de baguage national récoltant l'ensemble des données des oiseaux bagués à l'étranger ou dans notre pays. La dernière opération d'envergure à eu lieu l'année dernière pour les flamants roses dans le sud constantinois par des chercheurs de l'université de Guelma de Annaba.