Réagissant aux dernières directives européennes imposant la séparation patrimoniale entre producteur, vendeur et distributeur d'énergie, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a indiqué que le projet adopté mercredi dernier à Bruxelles par la Commission européenne, n'étant pas encore définitif, « pourrait ne pas concerner l'Algérie et sa compagnie publique des hydrocarbures Sonatrach ». « Nous ne sommes pas inquiets, car d'une part la décision n'est pas finale et d'autre part je ne pense pas qu'elle concerne Sonatrach ou l'Algérie », a-t-il dit à la radio nationale Chaîne III. Le ministre explique son relatif optimisme par le fait que la proposition de la Commission européenne vise à introduire le principe de la réciprocité des investissements entre les pays producteurs et les pays consommateurs d'énergie, au moment où un pays comme l'Algérie l'applique déjà dans ses relations avec ses principaux partenaires. « Le but de cette proposition est d'introduire beaucoup de concurrents, mais aussi la question de la réciprocité, c'est-à-dire que des sociétés étrangères telle que Gazprom (Russie) doivent permettre aux sociétés européennes de prendre des participations si elles veulent elles-mêmes participer à des investissements en Europe, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui », a encore expliqué le ministre. « Cela ne concerne pas tellement notre pays parce que, a-t-il poursuivi, l'Algérie autorise les sociétés étrangères à participer d'une manière concurrentielle. Autrement dit, la réciprocité existe déjà puisque nous permettons aux sociétés européennes d'activer en Algérie et il n'y a pas de raison pour qu'on ne permette pas aux sociétés algériennes d'activer en Europe. » Pour M. Khelil, ces éléments indiquent que « la décision (européenne) n'est pas encore définitive » et reste du domaine du débat. « On attendra la décision finale et lorsqu'on aura un accord et un consensus de tous les pays, on évaluera les conséquences négatives ou positives sur les activités de Sonatrach », a-t-il déclaré. Le ministre a cependant averti que si l'Europe des 27 « maintient le monopole sur les gazoducs et la distribution, il faut s'attendre à des conséquences en termes de concurrence au niveau de l'Europe et ce seront les consommateurs qui en paieront les frais ». Mais cela « ne gênera pas du tout les activités de Sonatrach qui continuera à vendre son gaz et à activer dans la distribution là où elle est présente, en Espagne et au Portugal », a insisté M. Khelil. Selon la proposition européenne, une entreprise unique, privée ou publique, ne pourra plus à la fois être propriétaire du réseau de transport et mener des activités de production ou de distribution d'énergie. Cette mesure, si elle est définitivement retenue, restreindra la possibilité pour les entreprises fortement intéressées par la commercialisation de leur gaz directement sur le marché européen de se déployer dans les 27 pays membres, selon les observateurs. A noter que les mesures proposées par la Commission européenne ne font pas l'unanimité au sein de l'UE. Huit pays, dont l'Allemagne et la France, sont opposés à la mesure de séparation proposée par la commission, leurs entreprises phares étant elle-mêmes fort concentrées (EON-RWE, EDF, GDFSuez). Pour contourner cet écueil, la commission a proposé une seconde option dite du « gestionnaire de réseau indépendant », en vertu de laquelle « les entreprises verticalement intégrées pourraient rester propriétaires du réseau à condition que la gestion des actifs soit effectivement assurée par une entreprise ou un organisme entièrement indépendant ».