La directive gaz est très pénalisante pour l'Algérie. L'Algérie accueille, depuis hier, une réunion des pays producteurs et consommateurs de gaz. L'ordre du jour de cette rencontre est relatif à la «Directive gaz» de l'Union européenne, dont l'un des effets les plus immédiats consiste en la déréglementation du marché à la défaveur des pays producteurs. Ces derniers vont tenter de convaincre les pays de l'UE, représentés à la rencontre, de revoir les délais d'application de la directive. Le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, situe la problématique à ce niveau, en affirmant: «Le problème que nous avons avec cette directive se situe dans les délais de réalisation de ce marché direct et compétitif vers 2003, 2004.» Cela suppose une ouverture totale du marché européen du gaz. Or, indique Chakib Khelil, cet état de fait n'est pas prévu «en 2003, ou même en 2005». En d'autres termes, l'UE impose aux producteurs une déréglementation qu'elle ne peut pas assumer elle-même, concernant l'approvisionnement des ménages en gaz. «Ce que nous demande la directive, c'est de faire comme si le marché existait (...) Si on a vraiment un marché libre, ouvert et compétitif, une compagnie telle que Sonatrach devrait pouvoir vendre directement son gaz aux consommateurs finals», souligne notre ministre de l'Energie. Or, «il n'y a que certaines compagnies, en général européennes, qui y ont accès», relève M.Khelil, ce qui fausse d'entrée les règles de la concurrence et désavantagerait considérablement les pays producteurs, qui se voient devant un fait accompli largement préjudiciable pour l'Algérie notamment qui tire 30% de ses ressources financières de la vente de son gaz. En outre, il y a lieu de signaler que 90% de la production nationale sont destinés aux pays européens. Aussi, est-on amené à penser que la directive gaz, très pénalisante pour l'ensemble des pays producteurs de gaz, l'est à un degré beaucoup plus important, concernant l'Algérie. Ce qui explique la tenue de la réunion à Alger. Il demeure, tout de même, que l'action de sensibilisation en direction des pays consommateurs, même si elle n'a pas encore porté ses fruits, a tout au moins donné à penser aux Européens, dont le Parlement donne des signes d'hésitation à marcher à fond avec la Commission européenne, d'autant que l'expérience américaine de dérèglement du marché de l'électricité, donne à réfléchir. Le risque est que personne ne gagne dans l'application de la directive gaz.