Cela fait 47 jours depuis qu'Air Algérie navigue avec une équipe d'intérimaires. Pour une compagnie aussi particulière, à la fois battant pavillon national et économiquement classée stratégique, le vol commence à traverser beaucoup de faisceaux horaires sans qu'un pilote vienne prendre les destinées de l'unique compagnie aérienne du pays. Pourtant, dans les soutes, la guerre de succession s'est installée dès l'annonce de la disparition du défunt Tayeb Benouis. A peine inhumé que des noms ont commencé à circuler publiquement sur les colonnes de la presse nationale. Chacun tente d'avancer ses pions pour mieux placer son homme. Sachant que la décision finale revient au président de la République. A ce jour, trois noms ont été avancés. Il y a eu d'abord Abdelatif Benachenhou, ancien ministre des Finances et conseiller économique, très écouté par le chef de l'Etat. Puis est entré en scène le nom du député sortant Wahid Bouabdallah. A recouper les informations rapportées par plusieurs quotidiens nationaux durant les deux derniers mois, cet ancien député, qui a eu à occuper la tête de plusieurs grandes entreprises publiques dont Cosider, la CNEP et l'ANEP, est devant le terminal à embarquement. Pas si sûr puisqu'il semblerait que l'actuel ministre des Transports (légalement chargé de proposer un nom au président de la République) n'est pas très « chaud » pour confier les commandes à Bouabdallah. Au cockpit, Mohamed Maghlaoui voudrait placer un de ses anciens collaborateurs du temps où il gérait le département des PTT. L'identité de ce cadre a été gardée secrète. Le nom du directeur général de l'aviation civile au ministère des Transports a été, également, évoqué. Si rien n'est tranché sur l'identité du futur patron d'Air Algérie, il n'en demeure pas moins qu'aucune des personnalités mentionnées n'a officiellement démenti son intérêt. Contacté à plusieurs reprises durant la journée d'hier pour avoir de plus amples détails sur le processus de sélection du futur PDG, le ministère des Transports et Air Algérie se sont murés dans un silence assourdissant. Aussi, une décision finale risque de prendre plus de temps que prévu. D'une part, Air Algérie s'est habituée durant la longue période de maladie de son PDG, entrecoupée de plusieurs séjours de soins à l'étranger, à fonctionner par « délégation » sans que cela n'ait amené les pouvoirs publics à envisager un remplacement. Ensuite, le PDG par intérim peut légalement se charger de la gestion d'autant plus qu'il connaît la boîte. Par ailleurs, la situation que vit Air Algérie n'est pas inédite. D'autres entreprises nationales d'ordre stratégique se sont retrouvées sans chef. Il est utile de rappeler le cas de Sonatrach qui a vu à plusieurs périodes de son histoire, le ministre en charge de l'Energie prendre les reines de la compagnie pétrolière. La dernière remonte à 2003 au lendemain de la disparition de Djamel Eddine Khene. Inhumé en juillet 2003, Sonatrach a poursuivi son activité durant deux mois avant la nomination de Mohamed Meziane. Algérie Télécom et le groupe CNAN sont également passés par le même chemin au lendemain de l'emprisonnement de leurs PDG respectifs. Tradition managériale algérienne, avant de devenir PDG, le défunt Benouis avait assuré l'intérim de la direction en 1999.