La compagnie Masrah Eddik de Sidi Bel Abbès et son sympathique animateur, Kada Bensmicha, disposaient d'une excellente opportunité pour réaliser un spectacle d'excellente facture avec Maître Puntilla et son valet Matti. Le thème de la relation maître et domestique a été archi-visité par le théâtre qu'il n'est, à la limite, même pas nécessaire de se surpasser pour réussir un spectacle plus qu'honnête. Malheureusement, dans ce qui a été présenté à la maison de la culture de Témouchent, ni l'adaptation, ni la mise en scène et encore moins l'interprétation n'ont rappelé à un moment ou à un autre cette œuvre majeure de Berthold Brecht. Masrah Eddik, en ne pensant qu'à séduire le public par tous les moyens, s'est embourbé dans les pitreries à peine dignes d'un sketch. Pourtant, il y avait tellement matière à effets comiques à travers les situations, sans qu'il fut besoin de chercher à flatter un public repus d'après-ftour, des spectateurs effectivement soucieux de s'éclater après une journée de jeûne. Il y avait tant matière à composition dans les rôles de valet et de maître pour étonner, faire rire et réfléchir. Pour rappel, la pièce met en présence un valet et son maître qui, lorsqu'il est sobre, apparaît sous son visage de patron, méprisant et exploiteur et qui lorsqu'il a un verre dans le nez se montre à l'endroit de son employé généreux et attentionné. Or, dans la version adaptée par Kada Bensmicha, il n'y a plus rien de tel. Toute la substantifique moelle a disparu. Campé par Houcine Bensmicha, Maître Puntilla est aussi détestable ivre que sobre. Quant à Matti, interprété par l'adaptateur et metteur en scène, Kada, il est aussi inconsistant que son maître. Tout ce que l'on peut souhaiter, c'est que Masrah Eddik se ressaisisse et qu'il s'élève au niveau de ce qui se fait de bien dans la capitale de la Mekerra en matière de 4e art, Sidi Bel Abbès où on l'attend pour la générale.