Après avoir pris conscience de la gravité du phénomène des harraga, qui sont toujours plus nombreux à tenter l'aventure « mortelle » consistant à traverser la Méditerranée pour un monde meilleur, le gouvernement essaie de trouver la parade. Mais au lieu de chercher les causes qui poussent des fonctionnaires, des pères de famille, des étudiants et de simples chômeurs à braver la mort pour échouer sur une plage d'Italie ou d'Espagne, le pouvoir veut réprimer. C'est vrai qu'il est plus facile de mettre quelqu'un en prison que de lui donner les moyens de vivre décemment. Quel est le fonctionnaire, le cadre moyen algérien qui vit décemment aujourd'hui ? Presque personne. C'est pour cela qu'ils sont des milliers de candidats à l'immigration, soit vers le Canada, de manière officielle, ou vers l'Europe à travers des embarcations de fortune au péril de leur vie. Voyant que leur pays ne leur donne rien, que seuls les riches s'enrichissent, ils choisissent de partir. Même lorsqu'ils sont interceptés en mer ou arrêtés en Europe et rapatriés, les harraga n'abdiquent jamais. Leur seule envie c'est de repartir, de fuir ce pays devenu à leurs yeux invivable. Pourquoi des Algériens sont-ils arrivés à détester leur pays au point de vouloir tout abandonner et fuir ? Ils ne croient plus en rien. Ils pensent que ce pays ne leur appartient plus. Pour eux, il n'y a aucune perspective. Ce sont toujours les mêmes qui gouvernent, les mêmes qui leur donnent des leçons de nationalisme. Alors que des Algériens croient dur comme fer que ce grand pays, avec près de 80 milliards de dollars de recettes, est devenu une prison à ciel ouvert, où l'injustice, la corruption et la malvie règnent en maître, le gouvernement ne fait rien pour changer les choses et donner de l'espoir aux citoyens. Il continue à ignorer la réalité sociale de son peuple et à fermer les yeux sur un véritable drame. L'Etat doit d'abord combattre les causes qui poussent ces milliers d'Algériens à fuir leur pays, avant de mettre en place des outils répressifs qui ne feront que pousser les jeunes et moins jeunes à chercher d'autres moyens pour quitter ce pays. Et une fois que ce cap aura été franchi, les milliards de dollars qui dorment dans les caisses de l'Etat risquent de ne servir plus à grand-chose.