Neuf syndicats autonomes, le CNES, le SNCP, le SNPDSM, le SNMAM, l'UNPEF, le SNAPEST, le SNTE, le SNPSP et celui des vétérinaires relevant des secteurs de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la santé ont décidé hier, lors d'une réunion extraordinaire portant sur la nouvelle grille des salaires, de réviser leur programme d'action. Afin d'éviter l'avortement et carrément l'échec prématuré d'une grève générale avant même la rentrée universitaire, les syndicats ont décidé d'un commun accord de donner une seconde chance au gouvernement pour revoir sa copie avant d'entamer une grève cyclique et des protestations à travers tout le territoire national. Une seconde chance pour que le gouvernement corrige ce qu'ils qualifient « de déni de justice ». Il n'y aura donc ni arrêt de travail ni protestation le 6 octobre. Les syndicats ont opté pour la désignation d'une délégation qui se rendra à la chefferie du gouvernement munie d'une lettre détaillée de leurs revendications, à leur tête la modification de la nouvelle grille des salaires, et plus particulièrement du système de classification et de rémunération des fonctionnaires. La coordination des neuf envisage d'élargir son mouvement à d'autres organisations syndicales. L'appel est déjà lancé. En outre, des actions unilatérales seront annoncées lors d'une conférence de presse qui sanctionnera la rencontre avec la chefferie du gouvernement. « Nous ne sommes pas des casseurs ni des perturbateurs. Nous voulons juste un salaire honorable. Un salaire digne d'un être humain. Nous dénonçons à cet effet l'attitude des pouvoirs publics qui ont géré dans l'opacité le dossier de la nouvelle grille des salaires. Aujourd'hui, avant d'investir la rue, nous demandons aux pouvoirs publics de réparer cette injustice », a souligné l'un des représentants des neuf syndicats. Hier, lors des débats, les représentants des travailleurs des différents secteurs ont admis qu'ils ont fait dans la précipitation en annonçant une grève générale pour le 6 octobre, alors que la rentrée n'aura même pas lieu à la date arrêtée. Dans ce contexte, les syndicats ont préféré reléguer cette action au second plan. « Nous avons, lors de la réunion précédente, opté pour une journée de protestation le 6 octobre, date qui coïncide avec la Journée de l'enseignant. Pour contrecarrer notre action, le ministère de l'Enseignement supérieur a vite fait de rappeler que la rentrée universitaire n'est pas pour demain, ce qui implique que si nous déclenchons une grève générale, elle sera vouée inévitablement à l'échec puisque les enseignants et les universitaires n'auront pas rejoint leur salle de classes à ce moment-là et que de ce fait la justice risquerait de nous rattraper sur ce point », fera remarquer un autre syndicat. Les représentants des fonctionnaires de trois secteurs, éducation, enseignement supérieur et santé se réuniront encore une fois ce mercredi pour finaliser le document à remettre à la chefferie du gouvernement. Les syndicats comptent rappeler aux hauts responsables que les engagements pris par eux pour l'amélioration des conditions socioprofessionnelles dans le cadre du nouveau statut général de la Fonction publique n'étaient finalement qu'un leurre. « Par cette supercherie qualifiée de grille des salaires, censée consacrer le savoir et la compétence, le devenir du pays se retrouve largement compromis. L'espoir est tout simplement confisqué », a souligné M. Mériane du Snapest. Celui-ci a expliqué que dans le cas où les pouvoirs publics camperaient sur leur position et ne bougeraient pas le petit doigt pour réparer cette lacune, il y aura un mécontentement général et une protestation à tous les niveaux. « Si l'on veut un enseignement de qualité, il faut en parallèle un salaire de qualité », a rappelé M. Ider de l'UNPEF. Les représentants des neuf syndicats ne baisseront pas les bras et leurs futures actions dépendent de la suite que donnera le gouvernement à leur lettre. Par ailleurs, la coordination intersyndicale composée de cinq syndicats, à savoir le Snapap, le CLA, la FNTE, le Satef et le Cnapest, tiendra une réunion préliminaire aujourd'hui pour débattre de la démarche à suivre pour montrer leur mécontentement grandissant et leur déception de la nouvelle grille des salaires. M. Lemdani du Cnapest et M. Osmane du CLA estiment que « l'organisation d'une action de grande envergure pour se faire entendre doit se faire avec la concertation de tous les syndicats ». « Nous n'avons pas été associés à la coordination des neuf, toutefois, l'intersyndicale se réunira pour arrêter les actions à entreprendre. Des actions qui seront au préalable soumises à la base », a déclaré M. Lemdani. Pour sa part, M. Osmane estime que l'intersyndicale peut épouser et même adhérer aux actions de la coordination des neuf si la base donne son aval.