Hormis la dimension sociale et psychique qui peut influer sur le comportement irrationnel et nerveux de l'ensemble des jeûneurs et même des non-jeûneurs, le métabolisme répond également à ce changement. Mais à sa manière. Le corps humain habitué à recevoir une denrée alimentaire trois fois par jour doit brusquement répondre à un changement. Il lui faudra environ trois jours pour que disparaisse la sensation de faim. A ce stade, en effet, il aura compris. Le jeûne d'ailleurs ne consiste pas pour l'organisme à se priver, car il continue de se nourrir, mais différemment : en absorbant les réserves emmagasinées. C'est ce qu'on appelle le mécanisme d'autodigestion et qui est parfaitement contrôlé. Cependant, si le jeûne constitue un changement, voire un bouleversement pour l'organisme humain, l'agression, elle, provient de ce que l'on mange, de la façon dont on mange la nourriture à la rupture du jeûne. Un nutritionniste diététicien de l'hôpital Mustapha Pacha, Magherbi Abderkader, explique : « Je crois que la surconsommation et la tendance des Algériens à acheter beaucoup de nourriture résultent des traditions et de l'ignorance du rôle et de la qualité alimentaire pour la rupture du jeûne. La majorité d'entre eux pense que la consommation de plats copieux, gras et sucrés donnent de l'énergie. » D'ailleurs, ce dont le corps a besoin correspond d'ailleurs à ce qu'il brûle durant la journée, notamment le glucose, notre carburant principal, et ce, notamment pour les premiers jours. Les plats sucrés ne servent qu'à faire grossir et sont constitués principalement de sucre rapide, sucre peu nécessaire pour l'organisme. Le Dr Magherbi fait une corrélation entre le comportement irritable et le jeûne et ajoute que « la recherche qui s'est penchée sur le phénomène du jeûne a démontré qu'il s'agissait d'une épreuve d'autorégulation et que la nervosité est davantage due, surtout les premiers jours, au manque de sommeil, à la privation du café et des cigarettes. D'un strict point de vue alimentaire, la mauvaise hydratation et la suppression du s'hour ainsi que la consommation excessive de sucres conduisent à l'agitation et à la fatigue ». Pour apporter l'équilibre nécessaire au jeûne, il faut permettre au corps de se réhabituer progressivement le soir à la nourriture, et pour cela il faut éviter les aliments riches en calories, gras, les viandes, les sauces, et surtout les plats sucrés, insiste le Dr Magherbi. « Il faut manger dans le calme, débuter par un verre d'eau et des dattes, un bouillon ou une chorba, mais un liquide de préférence et une salade. Ensuite, il faut laisser le corps se reposer pour reprendre plus tard un autre plat », solutionne le diététicien. Cela devrait éviter les douleurs épigastriques et les ballonnements.