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Affaire du détournement des 32 milliards de dinars
De Serkadji, Achour Abderrahmane accuse la BNA
Publié dans El Watan le 04 - 10 - 2007

A partir de sa cellule à Serkadji, (Alger), Achour Abderrahmane, par qui le scandale des 32 milliards de dinars est arrivé, s'est défendu hier sur les colonnes du journal Echourouk Al Yaoumi, en accusant la Banque nationale d'Algérie (BNA) d'avoir « comploté » contre lui.
Achour Abderrahmane, extradé du Maroc à l'issue d'une longue bataille juridique, s'est exprimé, selon le journal, à travers ses avocats, lesquels ont affirmé « assumer » leur responsabilité quant aux conséquences de ces propos. Achour commence par déclarer qu'il est « victime d'un vieux trou financier de l'ordre de 40 milliards de dinars, découvert à la BNA par le commissaire aux comptes, Cherchalli El Hadi, et que les responsables n'ont pu justifier. Le commissaire a même refusé d'avaliser le budget de 2002 et exigé la correction des comptes et le rétablissement de la situation. Pour moi, le détournement est fictif. » Mieux, Achour a expliqué que « toutes » les opérations bancaires qu'il a effectuées sont « légales » et qu'il n'a bénéficié « d'aucun crédit ou de ligne d'escompte », encore moins de chèques sans provision du fait, a-t-il dit, qu'aucune victime n'est venue se plaindre contre lui. Il a estimé « étonnant » que la banque ne l'ait jamais interpellé, ne serait-ce qu'une seule fois, sur les dépassements. « J'ai été surpris de la plainte portée à mon encontre pour des chèques sans provision d'un montant de 15 milliards de dinars. Plusieurs contradictions apparaissent dans ce prétendu détournement. La banque l'a d'abord estimé à 15 milliards de dinars, c'est-à-dire 200 millions de dollars US, à travers sa défense devant la chambre d'accusation le 22 juillet 2007. L'expert, quant à lui, a avancé la somme de 21,87 milliards de dinars, qu'il a présentée comme un préjudice mis dans le compte des valeurs perdues 04/64 de la banque. La banque aurait pu créditer cette somme du compte de ma société, et celui-ci serait devenu débiteur. Or, ce compte est toujours créditeur. Je défie la banque de présenter un seul chèque et nous nous interrogeons pourquoi avoir inscrit ces montants aux comptes des valeurs perdues. C'est pour cela que je dis que ce détournement est fictif. » Sur l'expertise judiciaire qui révèle qu'il était bénéficiaire de chèques au niveau des agences de Koléa, Bouzaréah et Cherchell, retirés au nom de ses sociétés, sans vérifier si le compte était créditeur, avec l'aide de certains cadres de la banque, Achour a répondu que de par son statut d'industriel, sa mission s'arrête devant le guichet. « Je ne présente jamais un chèque sans m'assurer que la somme existe dans mon compte. » Interrogé sur l'origine de sa fortune, Achour a donné une réponse qui laisse perplexe. Devant le juge d'instruction, il avait déclaré que sa fortune a été érigée avec des bons de caisse que son père lui a laissés avant de mourir. Une déclaration que son frère unique a contesté publiquement, en affirmant que le père n'a laissé aucun bien. Achour revient sur ses propos en avançant une toute autre thèse. « Ils m'ont mal compris à propos de l'héritage. Je n'ai pas hérité de mon père, mais de mon oncle paternel qui m'a fait donation de tous ses biens sans que personne ne soit au courant. C'est lui également qui m'a donné les bons de caisse anonymes en 2001 et il est mort en 2006. » A propos de l'utilisation de cette affaire à des fins politiques au Maroc, à travers le fait qu'il s'est défendu contre son extradition en affirmant qu'il était contre l'indépendance du Sahara, Achour a fait volte-face. Il a déclaré : « C'est une affaire commerciale avec la banque et elle n'a aucun lien avec la politique. » Interrogé sur les circonstances de son départ de l'Algérie après le lancement d'un mandat d'arrêt à son encontre, il a précisé avoir quitté le territoire national le 5 février 2005, alors que le mandat d'arrêt n'a été lancé que le 7 décembre 2005. Néanmoins, il s'est refusé à toute réponse quant aux interrogations relatives au document qui lui a été délivré par la brigade économique près de la sûreté de wilaya de Tipaza, pour le blanchir de tous les faits qui lui sont reprochés. « Je ne peux m'exprimer sur cette affaire, par respect au secret de l'instruction et à la justice algérienne », a-t-il répondu. Achour a reconnu que sa femme a rédigé une procuration à partir du Maroc, sans la légaliser au niveau du consulat, pour procéder à la location des biens commerciaux en Algérie. Il a terminé en insistant sur le fait que la chambre d'accusation a violé son droit en lui ajoutant un autre crime (l'affaire du rapport de la police en instruction à Bab El Oued), alors que la convention d'extradition avec le Maroc l'interdit. Il a affirmé qu'un pourvoi en cassation a été introduit auprès de la Cour suprême avant d'appeler tous les Algériens en fuite à l'étranger à retourner au pays. Cette sortie médiatique à la veille du renvoi de la grande affaire BNA devant le tribunal criminel près la cour d'Alger a suscité de nombreuses interrogations, notamment en ce qui concerne son opportunité et ses objectifs.

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