René Backmann, rédacteur en chef du Nouvel Observateur, spécialiste du Proche-Orient, dont il suit de près l'actualité durant 25 ans, est bien placé pour décortiquer les événements qui marquent la région depuis la construction, par l'Etat d'Israël, d'un mur de séparation sur la frontière avec la Cisjordanie. Invité récemment par le CCF, René Backmann a présenté son livre « Un mur en Palestine », ouvrage paru en 2006, et dans lequel il explique, avec une lucidité et une intelligence remarquables, les véritables enjeux d'une entreprise frappée du sceau de la honte. L'auteur a remonté aux accords d'Oslo en 1993. Une date-référence choisie pour rappeler un processus de paix qui reposait sur deux piliers : le leader palestinien Yasser Arafat et le premier ministre israélien Yitzhak Rabin. « Une bonne foi qui allait pouvoir exister pour aboutir à une paix et marquer le début d'une forme de justice, tant attendue par les Palestiniens. Le processus ne vivra pas longtemps, car l'un de ses piliers a explosé », notera l'invité du CCF, qui fera allusion à l'assassinat de Rabin en 1995. Pour l'auteur, la construction du mur de séparation, décidée après la seconde Intifadha, n'est pas une idée récente, elle remonte à 1923. Poussant loin son argumentation, René Backmann a expliqué que le projet lancé en 2002, sous couvert de la protection des populations israéliennes des attentats-suicides, n'était qu'un prétexte inavoué pour annexer 18 % des territoires palestiniens en Cisjordanie sur un tracé de 665 km, et favoriser, en conséquence, la multiplication des colonies. Le nouveau « Mur de Berlin « du Proche-Orient sera le début d'une longue souffrance pour des Palestiniens emprisonnés sur leurs propres terres, avec une économie réduite au coma. « C'est un moyen pour dynamiter tous les espoirs de paix par des Israéliens décidés à empêcher la reprise du processus enclenché en 1993, et dont l'issue dépendra, surtout, de ce que décideront les gouvernements des pays arabes », conclura le conférencier.