Conférence n Un mur en Palestine était le thème d'une conférence – et est aussi le titre de son livre – animée jeudi au Centre culturel français par René Backmann, rédacteur en chef au Nouvel Observateur. Fin et excellent connaisseur des réalités proche-orientales, René Backmann s'est intéressé à la question du mur, que certains appellent, pour le justifier, la barrière de séparation tandis que d'autres, pour le dénoncer, nomment mur de la honte. «Pourquoi j'ai écrit un livre sur la barrière délimitant l'espace géographique israélien des territoires palestiniens ? C'est parce que d'abord, je suis le dossier Israélo-palestinien depuis 25 ans, et, ensuite, parce que je fais partie de ceux qui, avec les accords d'Oslo, croyaient à l'instauration de la paix au Proche-Orient. Enfin, c'est parce que ce mur menace la paix de s'installer au Proche-Orient. La solution pour l'avenir, c'est de faire tomber les murs», a-t-il dit, ajoutant : «Rien ne peut justifier la construction d'un tel mur.» «J'étais pris d'un grand doute quant à la construction du mur qui sert, selon les initiateurs, à protéger Israël du terrorisme», a-t-il déclaré. Il se trouve que, selon l'enquête menée par René Backmann, le mur n'est pas construit du côté israélien, mais il piétine dans les territoires palestiniens. Cela crée des méandres séparant Palestiniens et Palestiniens. «Les Palestiniens coupés de leurs terres, de leur école, de leur famille, sont obligés à faire des détours de plus de 50 km, confrontés au bon-vouloir des soldats qui commandent l'ouverture des barrières (checkpoint).» «Ainsi, les Palestiniens se trouvent coupés les uns des autres, prisonniers sur leur propre territoire, d'une muraille de béton longue de 8 mètres», et «contraint à ne voir l'avenir qu'en gris ciment». Ainsi, pour comprendre cela, René Backmann a mené une enquête en suivant le long du mur, «tous les méandres de cette longue plaie creusée dans les chairs des collines de la Cisjordanie, il a suivi le mur des deux côtés, ceux qui le subissent et ceux qui le construisent, écoutant leurs arguments et leurs témoignages». René Backmann évoque des «raisons géopolitiques justifiant la construction de ce mur.» «Israël veut annexer dix pour cent (10%) à son territoire», a-t-il fait remarquer. Et d'expliquer : «Là où le mur dépasse la ligne verte, c'est là où il y a une forte concentration de colonies israélienne. En 1993, il y avait 250 000 colons, aujourd'hui il y en a près de 500 000.» Cela revient à dire que Israël ne veut pas renoncer à ses colonies. Elle suit une politique de développement de ses colonies, politique expansionniste. Enfin, et pour finir, René Backmann dénonce le mur. «Ce mur crée des problèmes, prive les Palestiniens de liberté de mouvement ; ce mur est une machine empêchant que la paix s'installe. Il sert à diviser et à détruire le tissu social palestinien. Il empêche la création d'un Etat palestinien économiquement viable.»