Les accidents de travail font rage en Algérie, et les cas mortels prennent une proportion inquiétante. La wilaya de Annaba, qui est dotée d'un tissu industriel dense, est classée au deuxième rang après Alger. La journée de sensibilisation et d'information, organisée par la Chambre de commerce et d'industrie Seybouse, qui a pour ambition affichée d'enraciner la culture de la prévention, a eu le mérite de réunir l'ensemble des intervenants dans le secteur de la sécurité au travail. A travers le débat sur les risques professionnels dans le bâtiment, les animateurs de la rencontre, en l'occurrence les représentants de l'inspection du travail, de la CNAS, de la médecine du travail et de l'organisme de prévention des risques professionnels dans les activités du bâtiment des travaux publics et de l'hydraulique (Oprebatph), ont mis le doigt sur les causes du mal. Ce ne sont pas, de leur avis unanime, les textes réglementaires qui manquent- pas moins de 20 textes régissent l'hygiène et la sécurité en milieu professionnel, aux côtés des conventions internationales, dont l'Algérie est signataire-, c'est plutôt leur application qui fait défaut. Dans la majorité des cas, les organismes de prévention ne sont pas opérationnels sur le terrain. Sur les chantiers, les mesures de sécurité sont absentes et les recommandations émises par l'Oprebatph, suite aux visites effectuées sur site, restent lettre morte. En dépit du fait que la responsabilité, autant professionnelle que civile et pénale de l'employeur, est engagée vis-à-vis des travailleurs, les choses ne s'améliorent pas. La prévention est reléguée au dernier plan des préoccupations des opérateurs, et c'est certainement ce qui fait dire à l'inspecteur du travail que « l'amélioration de la situation sur les chantiers exige la synergie des efforts de tous ». Il faut souligner que le bâtiment demeure un secteur à haut risque, et où les chutes de hauteur prennent l'allure d'un véritable fléau. L'Algérie, rappelons-le, s'est investie dans la mise en place de l'arsenal juridique, conformément aux orientations de l'organisation internationale du travail pour améliorer les conditions de travail. Les conséquences, autant sociales qu'économiques, ne sont pas à démontrer. C'est dire aussi l'importance des enjeux. A titre d'exemple, les accidents du travail pour l'année 2005 avoisinent les 46 000 cas, dont 700 ont été mortels. Dans la majorité des cas, les victimes sont contraintes à l'arrêt de travail, ce qui génère, à l'évidence, une perte sèche pour l'entreprise. Pour la même année 2005, plus de 1 million de journées de travail ont été perdues pour cause d'accidents. Le manque à gagner équivaut au coût de la création d'une entité économique qui emploierait 2 300 travailleurs. La situation interpelle sérieusement tous les intervenants pour que la réglementation, ainsi que les différents dispositifs de sécurité et de prévention soient appliqués. La problématique, il va sans dire, nécessite un travail continu de sensibilisation et d'information.