Le travail d'information et de sensibilisation doit occuper un rôle central dans la lutte contre la rage en Algérie. “L'Algérie a enregistré un total de douze décès causés par la rage en 2009, dont deux enfants de la même famille à Béjaïa”, a déclaré, hier, le Dr Benhabylès Nadjia, lors de la célébration de la Journée mondiale de la lutte contre la rage, organisée à l'Institut national de santé publique en association avec le ministère de la Santé et celui de l'Agriculture. Le travail d'information et de sensibilisation doit occuper un rôle central dans la lutte contre la rage en Algérie. C'est du moins ce qu'ont souligné des spécialistes lors de cette journée, tout en appelant les secteurs concernés à maintenir leurs efforts pour éradiquer cette maladie. Même si un programme national de lutte est en vigueur depuis plusieurs années, la rage demeure “l'une des zoonoses dominantes en Algérie”, ont-ils estimé, et ce, pour plusieurs causes, dont “l'inconscience et parfois l'insouciance des gens, ainsi que le manque de communication et de sensibilisation”. Ce problème doit être pris en charge en particulier par les secteurs de la santé, l'agriculture et le développement rural, et les collectivités locales qui sont appelés à “travailler en coordination et à accroître leurs efforts, notamment en matière de communication pour cerner cette maladie et empêcher son développement”, a indiqué le Dr Abed Aïcha. Outre les médias, l'école a aussi un “rôle primordial” dans la lutte contre la rage, avec l'enseignement et l'information des enfants sur la dangerosité de cette pathologie, a relevé pour sa part le Dr Benhabylès Nadjia, rappelant que cette catégorie représente la majeure partie des victimes de morsures d'animaux. Une fois ce travail d'enseignement et d'information réalisé, les enfants peuvent, à leur tour, contribuer à l'action de sensibilisation en transmettant les idées reçues à leur milieu familial, a-t-elle ajouté. “Même si la tendance est à la baisse, le travail doit tout de même être maintenu par des efforts soutenus de formation et d'information” pour éradiquer cette maladie, a insisté le Dr Benhabylès. Par ailleurs, le pays a connu une très grande baisse par rapport aux autres années, selon les statistiques élaborées depuis 1998 jusqu'à 2009. Le nombre de décès causés généralement par les morsures des animaux canins a provoqué un total de 241 morts en dix ans. “L'année 2007 a été la plus meurtrière, car il a été enregistré 32 morts, comparée à 2008 qui en compte 27 et 2006 qui a comptabilisé 16 cas de mortalité”, a précisé Mme Benhabylès. Les wilayas les plus touchées par ce phénomène sont Sétif, qui connaît en moyenne un total de 13 décès par an, Tizi Ouzou et Oran qui enregistrent 12 victimes. Concernant la wilaya de Chlef, on dénombre 11 décès alors qu'Alger en compte 7. “Après une morsure, seulement 60% consultent les médecins après des signes de maladie ; d'autres attendent le lendemain, ce qui représente 20%. Enfin, sur les 20% restants, certaines personnes consultent immédiatement et d'autres, environ 8%, réagissent après 48 heures”, a ajouté le Dr Benhabylès. Selon le médecin, les enfants sont les premiers sujets car l'animal se trouve à leur hauteur, de plus, ils n'osent pas en parler à leurs parents de peur de se faire gronder. Et si chaque année il existe autant de morts, c'est dû aux concernés qui n'agissent pas sur-le-champ. “Les personnes mordues se contentent d'un seul vaccin. Peut-être que le système d'envoi de rappel de vaccin devrait refaire surface afin que les gens reviennent se faire soigner”, a-t-elle dit. Par contre en 2005, il a été enregistré plus de 8 000 personnes consultantes, alors qu'en moyenne le taux est entre 4 000 à 5 000. “Il y a une diminution de 1 926 cas, et cela est dû à l'ouverture de plusieurs centres de soins”, a-t-elle ajouté. “La rage reste un facteur très présent en Algérie à cause du nombre de chiens errants et aussi au manque de chenils dans chaque wilaya”, a déclaré le Dr Khiar, représentante du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Pour rappel, plusieurs milliers de personnes meurent dans le monde de la rage et plus de un million de personnes sont mordues, selon l'OMS.