Kevin Moriarty, PDG de Terramin, le partenaire australien et actionnaire majoritaire de la compagnie WMZ (Western Mediterranean Zinc) en charge du projet de la mine de plomb et de zinc de Oued Amizour, tente à travers cet entretien de dissiper les inquiétudes qui entourent la démarche de sa compagnie en Algérie. De quelle expérience peut se prévaloir votre compagnie dans la production de zinc et de plomb ? Tout d'abord, je voudrais dire que nous avons été surpris par l'article que vous avez publié et qui contient beaucoup d'informations erronées. Concernant le projet de Tala Hamza, Terramin a été choisie parmi 6 autres compagnies suite à un appel d'offres et elle a été choisie sur la base de plusieurs critères, notamment sa compétence et son expérience dans le domaine. Il faut dire que la compagnie possède des dizaines d'années d'expérience dans le domaine de la mine. Plus exactement, ses dirigeants, qui viennent de grandes compagnies comme Rio Tinto et Newmont, cumulent plus d'une centaine d'années d'expérience. Par ailleurs, nous avons développé un projet de mine à Angas, en Australie, qui répond à toutes les normes en matière de protection de l'environnement et de la population. Quels sont les moyens financiers dont vous disposez pour mener à bien le projet de mine de Tala Hamza ? Nous avons la confiance de plusieurs grandes institutions bancaires qui nous ont donné des garanties. Nous avons mobilisé plus de 100 millions de dollars pour nos projets durant les 12 derniers mois. Les 21 millions de dollars dont vous avez parlé, nous les avons levé en juillet dernier. Il s'agit d'un malentendu et d'une mauvaise interprétation du journal australien qui a donné l'information selon laquelle on cherchait à lever cette somme et ce journal a corrigé son erreur. Terramin fait partie des 300 plus grandes compagnies australiennes en termes de capitalisation boursière et ses capacités boursières sont de l'ordre de 300 millions de dollars. Où en sont les choses actuellement sur les sites de forage de Tala Hamza ? Le projet piloté par WMZ est en phase d'exploration et rien n'est fixé sur les infrastructures. Nous en sommes à la première phase d'exploration qui a débuté depuis une année. Une fois cette étude terminée, on aura une idée relativement juste de la dimension du projet et nous serons fixés sur les dispositions à prendre avec les organismes algériens comme la DGM (la direction générale des mines), l'ANPM, (l'Agence nationale pour le patrimoine Minier), la wilaya, les collectivités locales, etc. Cette première étape nous a appris qu'il y a une estimation de capital de 150 millions de dollars pour l'étude de préfaisabilité et le développement du projet. Donc, vous voyez, c'est largement dans les capacités de la compagnie. Oui, mais les experts que nous avons consultés disent que l'estimation de capital pour Tala hamza est de l'ordre de 250 millions de dollars, ce qui fait une grosse différence par rapport au chiffre que vous venez d'avancer. C'est de la spéculation pure et simple. Pourquoi se chamailler sur de la spéculation ? Si quelqu'un peut donner le coût du projet, alors pourquoi faire toutes ses études. L'exploration a démarré il y a tout juste une année et cela va prendre 3 ou 4 ans avant d'être définitivement fixés. Votre projet de mine a Angas, en Australie a rencontré des problèmes d'opposition de la part de la population et des maires des localités où il est implanté, quelle est votre appréciation de ce problème ? Il s'agit d'une faible opposition qui a concerné 200 à 300 personnes sur une population de près de 8 000 personnes. Pour ce projet de mine que nous avons inauguré la semaine dernière, nous avons répondu à toutes questions de la communauté et du gouvernement, de même que nous avons procédé à quelques modifications de sorte que le ministère nous a montré comme un modèle à suivre pour l'industrie minière, un exemple de management et un exemple de mine de notre siècle. Il faut savoir que les mines modernes ne polluent pas comme les mines anciennes. Nous croyons savoir que, dans le cas de Tala Hamza, vous allez utiliser le procédé de flottation qui est connu comme étant extrêmement polluant. Ce que je peux vous dire est qu'il y a aura toutes les installations possibles pour préserver l'environnement. Le projet donnera toutes les garanties à l'heure voulue. C'est vrai que dans le principe de flottation lui-même, il y a des rejets et des déchets à gérer et à prendre en charge mais sachez que tout ce qui est nécessaire à la protection de l'environnement et toutes les dispositions nécessaires seront intégrées dans la réalisation du projet et seront prises en compte dans l'étude de préfaisabilité du projet. Nous allons réaliser une mine moderne car dans les vieilles mines, il n'y avait aucune disposition pour préserver l'environnement. Toutes les dispositions seront prises comme à Angas où nous avons eu l'aval de toutes les institutions australiennes… - Oui, mais Angas, comme vous le dites, n'a été inaugurée que la semaine dernière. Vous croyez qu'en Australie, vous pouvez démarrer un projet si vous ne donnez pas toutes les garanties ? Pour Oued Amizour nous sommes entrain de faire la maturation du projet et s'il n'est pas avalisé par les autorités, il ne peut pas démarrer et nous ne ferons aucune expérimentation minière dans le pays. Nous ne sommes pas entrain de construire une usine pour le moment. Angas a coûté 70 millions de dollars et il est entièrement intégré du point de vue étude d'impact. Le projet est assuré. Justement, avez-vous trouvé un assureur pour le projet de Tala Hamza ? Nous sommes actuellement en consultation, il faut attendre. Il faut savoir que les bailleurs de fonds ne prêtent plus d'argent pour les projets à risques. Avez-vous envisagé d'associer l'université de Bejaia à votre projet ? Avec l'université de Bejaia, nous avons eu des discussions préliminaires mais nous ne sommes pas allés plus loin. Si le projet aboutit, il va créer des centaines d'emplois et c'est là qu'il faudra solliciter l'université pour assurer une formation des activités minières. On va les solliciter sur ce point. Ce qui est sûr est que nous allons, à l'avenir, avoir plus de contacts avec les institutions algériennes. D'ici le milieu de l'année prochaine nous allons intensifier les contacts avec les institutions algériennes. Nous sommes en ce moment entrain de dépenser 4 millions de dollars en préfaisabilité avec un groupe international. Cette étude de préfaisabilité se fait avec Worley Parsons, une compagnie très connue et qui active au Moyen orient et en Australie, ainsi que Golders Associates et d'autres spécialistes encore. Que pouvez-vous dire à la population de la région pour les rassurer sur les risques potentiels induits par l'activité minière ? Nous allons réaliser une mine moderne. Ces dernières années, l'industrie minière a évolué en prenant en compte les risques environnementaux. Il n'y aura aucun problème. Nous avons un staff très compétent. Nous allons également présenter le modèle d'Angas. Nous envisageons même d'inviter des personnes d'ici et des journalistes à visiter le site et à se rendre compte de la manière dont il est réalisé. Comptez-vous au sein de ce staff des ingénieurs spécialisés dans les problèmes de l'environnement ? Oui. En Australie, ces problèmes sont traités par des spécialistes. Quand on voit que vous avez répondu à toutes garanties, on vous donne le OK, pas avant. C'est la même chose pour les banques. Elles ne donnent l'argent qu'en se référant à ceux parmi les organismes financiers qui ont fait les études. Dans notre cas, il s'agit de Worley Parsons et de Golders Associates qui sont bien connus sur la scène internationale. Leurs experts sont déjà venus en Algérie et ils vont venir de plus en plus souvent.