Tout en soutenant par sa présence le colloque « Algérie » organisé par le Centre méditerranéen du livre, en hommage à deux écrivains qui ont dénoncé l'injustice du colonialisme, Albert Camus et Kateb Yacine, le maire Jean-Paul Alduy (Ump) fait le grand écart en s'apprêtant à inaugurer le 25 novembre un « Mur des Disparus », le premier du genre en France, dans la lignée du refus de la repentance du président Sarkozy et son appel du pied pour rendre hommage aux victimes européennes d'après le 19 mars 1962. Dans la dernière livraison de la revue municipale Perpignan magazine (septembre 2007), la présidente locale du Cercle algérianiste à l'initiative de l'érection de ce mur, Suzy Simon-Nicaise, indique que « 3000 noms figureront ; ceux des personnes de toutes confessions, dont les corps n'ont jamais été retrouvés ni rendus à leurs familles, parmi lesquels près de 400 appelés du contingent ». Rien sur les harkis. « C'est bien plus compliqué car, pour la majorité, leurs identités ne sont pas connues », ni, bien sûr, rien sur les Algériens tombés en mars 1962 et dans les mois qui suivirent l'indépendance. Dans les nouveaux locaux du Cercle, dans un bâtiment municipal, sera ouvert en 2008, un Centre de documentation de la présence française en Algérie : « Nous n'avons pas l'intention de tirer un trait définitif sur cette partie de l'histoire de France. Nous n'avons pas vocation à devenir amnésiques en reniant notre propre histoire. » Le maire, dans son blog internet, estimait, le 3 octobre dernier, qu' « il s'agit de la démarche normale de femmes et d'hommes déracinés qui sont en quête de re-connaissance de leur histoire ». En septembre, la colère des opposants à cette création avait amené le maire à suspendre le conseil municipal. Le collectif « Non au musée de la ville de Perpignan à la gloire de la colonisation » reste mobilisé, d'autant qu'en juin dernier un hommage à l'OAS avait été organisé devant une stèle édifiée à cet effet.