Avec l'ouverture tous azimuts du transport aux opérateurs privés, l'on s'attendait objectivement à une solution à court terme du problème rencontré par les populations urbaines, mais également rurales quant à leurs déplacements à l'intérieur de la wilaya. Alors que durant les années 70 le nombre des transporteurs en communs relevant de la sphère privée se comptait sur les doigts d'une main, il aura fallu attendre l'ouverture économique et l'arrivée des premiers microbus en provenance de Turquie – ceci à la faveur des premières applications concrètes du système de l'emploi des jeunes initié à l'époque par le gouvernement de Mouloud Hamrouche- pour observer un véritable regain d'activité dans ce secteur jusque-là quasi monopolistique. Très rapidement, le réseau routier sera envahi par les Karsans, la version turque des bétaillères de Peugeot. Aujourd'hui, le parc roulant composé de plus de 650 bus et microbus appartient presque exclusivement à des opérateurs privés, à qui la direction des Transports aura affecté des lignes à desservir. Par ailleurs, le nombre de taxis qui s'élevait à près d'une dizaine de voitures à la veille de l'indépendance, aura atteint le chiffre de 1 300, dont certains ressemblent plus à des reliques qu'à des voitures destinées au transport des citoyens qui payent le prix fort tout en continuant à faire contre mauvaise fortune bon cœur. Car, on ne comprend pas comment des véhicules complètement déglingués parviennent à passer à travers les mailles du contrôle technique. Certains véhicules bénéficient d'une curieuse disposition qui autorise leur propriétaire à continuer de rouler sans ceinture de sécurité pour le conducteur mais également pour les passagers. Malgré cette pléthore de véhicules autorisés à battre la campagne à la recherche du moindre client, il se trouve que sur certaines lignes, la population éprouve les pires difficultés à se déplacer. C'est notamment le cas pour la plupart des agglomérations qui servent seulement de point de transit. A l'image de toutes ces bourgades et autres lieux-dits qui bordent les axes routiers du Dahra et de la plaine. Parfois, ce sont véritablement des chefs-lieux de communes, ayant une forte concentration de population, qui sont sujets à une faible disponibilité en sièges. C'est apparemment le cas des localités de Sidi Lakhdar, Benabdelmalek Ramdane, Aïn Sidi Chérif, Haciane, Béni Yahi, Nekmarya, Fornaka, Mansourah, Sour, Aâchasta, Touahria et Belattar. Pourtant, le problème du transport aura fait l'objet de pas moins de 3 sessions de l'actuelle APW, avec à chaque fois des recommandations pour une meilleure prise en charge de ce problème. Absence de structures d'accueil Mais, force est de constater que l'Administration ne s'est pas donnée les moyens de contrôler avec efficacité l'activité des transporteurs à qui elle attribue des lignes. Dans la plupart des cas, lorsque le trajet est respecté, ce sont les horaires qui font l'objet de toutes les transgressions de la part des opérateurs. Ces manquements qui causent beaucoup de torts aux citoyens, sont souvent accentués par l'absence de structures d'accueil. Tant de villes et villages ne comptent même pas l'esquisse d'une gare routière, voire d'un simple abribus. Sans ces infrastructures de base, dont la construction devrait normalement échoir aux mairies, il semble illusoire de tenter d'insuffler ne serait-ce que le commencement d'une organisation des transports publics. A la décharge des opérateurs, il n'est pas possible de passer sous silence l'état de certains tronçons routiers qui dissuaderait le plus tenace des transporteurs. Ce qui justifie grandement le refus des propriétaires de minibus de se porter volontaires pour desservir des lignes dont la rentabilité n'est pas évidente. Dans ce cas, le recours au seul transport scolaire, qui est encore assurée grâce au soutien de l'Etat, n'est qu'un palliatif. Pour les autres citoyens, il ne leur reste que le recours aux taxis clandestins dont on ne sait s'il faut les combattre ou les encourager.