Huit containers de pomme de terre pourrie ont été bloqués par les services des douanes à Alger. Importée du Canada via la France, cette marchandise a été abandonnée par son propriétaire au port sec de Rouiba. Les services des douanes pensent que cette opération cache un mouvement de transfert illégal de devises. Les services des douanes d'Alger recherchent actuellement l'importateur de 8 containers de 20 tonnes chacun de pomme de terre pourrie abandonnés au port sec de Rouiba. Les responsables de la Sarl A Algérie, après avoir débarqué les 8 containers de 40 pieds, puis transféré au port sec NTA de Rouiba, ont bénéficié du couloir vert du fait que la pomme de terre est considérée comme un produit périssable et nécessite un rapide traitement sans se soumettre à la déclaration douanière, mais avec comme obligation de se soumettre à la formalité et procédure à caractère administratif (FPA), liées aux exigences du contrôle phytosanitaire. Une fois au port sec, une odeur nauséabonde s'est répandue, rendant l'air irrespirable, pendant plusieurs jours. Après examen de quelques échantillons, le 7 octobre dernier, l'expertise a déclaré la pomme de terre impropre à la consommation. Elle était totalement pourrie et pose aujourd'hui un vrai problème de pollution. En réaction à cette découverte, les services des douanes ont convoqué le propriétaire de la marchandise importée du Canada, qui reste à ce jour injoignable. En parallèle, l'administration bancaire a été saisie dans le but de s'assurer si l'opération de transfert de devises n'a pas encore eu lieu. Un transfert illégal de devises ? Contacté, le directeur régional des douanes d'Alger Ouest, Regue Benamar, a confirmé l'information sans pour autant expliquer comment ces containers ont quitté le port d'Alger sans être soumis au contrôle phytosanitaire, ni combien de jours cette pomme de terre pourrie est-elle restée au port sec de Rouiba. Il a néanmoins estimé que cette affaire pourrait cacher une opération de transfert illégal de devises. « Si le propriétaire ne se manifeste pas pour réexporter la marchandise et s'il s'avère que les fonds de cette opération ont déjà été transférés vers l'étranger, des poursuites judiciaires seront engagées contre lui, comme le prévoit la loi », a déclaré M. Regue. Ce dernier a relevé par ailleurs que ses services poursuivent actuellement leur investigation pour vérifier si d'autres importations similaires ont été effectuées par la même société. Ce n'est pas la première fois que des quantités aussi importantes de pomme de terre pourrie sont importées et souvent mises sur le marché. Il se trouve que cette fois, on ne sait pas par quel miracle les services phytosanitaires ont réagi avant que le produit n'arrive chez les consommateurs. Ces opérations se sont multipliées durant le mois de Ramadhan, marqué par une pénurie qui a fait grimper les prix à un taux record. De nombreux spécialistes avaient expliqué que cette pénurie avait été provoquée par les barons de l'import pour pousser les autorités à prendre des mesures qui les arrangent. Des mesures qui ne se sont pas fait attendre puisqu'une ordonnance présidentielle a été signée pour annuler tous les droits et taxes douaniers ainsi que la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les importations de pomme de terre. Quelle que soit la quantité ramenée de l'étranger, l'importateur ne paie qu'un prix symbolique de 200 DA. Une aubaine pour « les opérateurs » qui sont pourtant soumis à un cahier des charges imposé par les ministères du Commerce et de l'Agriculture. Ces facilités ont plutôt profité aux trafiquants de tous genres puisque à ce jour, le prix de la pomme de terre reste excessivement élevé et le marché a été inondé par des produits de très mauvaise qualité, pour ne pas dire impropre à la consommation humaine. L'affaire des 8 containers saisis au port sec de Rouiba montre la force des lobbies de l'importation dans notre pays, devenus les maîtres du marché dans notre pays faute de contrôle de l'Etat.