Depuis la création du ministère de l'Industrie et de la Promotion des investissements, la trentaine de sociétés de gestion des participations (SGP) qui gère une partie non négligeable du secteur public économique se retrouve sans tutelle. Autrefois prises en charge par le défunt ministère de la Participation et de la Promotion des investissements (MPPI), l'exercice de cette tutelle n'est prévu nulle part dans les législation et réglementation en vigueur. Cette attribution ne figure en tout cas dans aucune des missions officiellement dévolues à l'actuel ministère de l'Industrie. Ce dernier est totalement déchargé de la gestion des participations de l'Etat que le MPPI avait assumée par le truchement des agents fiduciaires que constituaient les SGP et les sociétés de groupes. Depuis la reconfiguration du secteur de l'industrie, ces dernières se sont retrouvées orphelines de tutelle et il fort à craindre que ce vide qui dure depuis plusieurs mois traîne encore plus longtemps eu égard aux lenteurs auxquelles nous ont habitués les autorités politiques algériennes dès qu'il s'agit d'opérer des changements institutionnels et de placer des dirigeants à des niveaux aussi élevés. Le vide en question a déjà fortement perturbé les activité des SGP qui, comme on le sait, n'agissent que sur la base de mandats émanant du Conseil des participations de l'Etat (CPE) leur parvenant généralement par le biais de l'ex-MPPI qui assurait le secrétariat permanent de ce conseil. Ces instructions ne leur parvenant plus depuis la dissolution du ministère de la Participation, les SGP se contentent d'expédier les affaires courantes et de mettre en œuvre des résolutions héritées du défunt MPPI. Plus grave encore, de nombreuses SGP n'ont, à ce jour, pas tenu leur assemblée générale d'examen de comptes (AGO) dont la législation fixe la date limite au mois d'avril. Elles ne peuvent pas, non plus, tenir des assemblées générales extraordinaires (AGEX) sans lesquelles aucun projet d'investissement ne peut se concrétiser. Spéculations Faute d'organe habilité à présider ces assemblées générales, les SGP ont dû solliciter à plusieurs reprises les tribunaux, seuls habilités à accorder ce type de dérogation et l'on craint que ces reports ne débordent sur l'exercice prochain, ce qui serait, du point de vue comptable et de la certification des comptes, une véritable hérésie. C'est dans cette ambiance peu favorable au développement que nos politiques ont à nouveau plongé le secteur public économique qui a souvent pâti de ces restructurations bâclées. Et c'est, de notre point de vue, cette incapacité à conduire de façon rapide et continue les réformes économiques qui explique, en grande partie, les difficultés de l'Algérie à faire redémarrer son industrie sur de bonnes bases. La gestion des participations de l'Etat n'étant aujourd'hui dévolue à aucun ministère, les spéculations vont bon train à propos de la nomination prochaine d'un délégué aux participations de l'Etat et certains noms ont même commencé à circuler à ce propos. Le retour à une telle structure qui, faut-il le rappeler, existait de 1996 à 2002 en application de la loi relative à la gestion des capitaux publics marchands de 1995, donne un aperçu du flou qui continue à prévaloir au sommet de l'Etat quant à la conduite des réformes. Il est bon de rappeler que cette structure étroitement liée à la chefferie du gouvernement ne peut fonctionner correctement que dans la mesure où le chef du gouvernement, et de surcroît, président du CPE, accorde beaucoup d'importance aux réformes économiques. Ce fut le cas d'Ahmed Ouyahia qui avait permis à Sid Ahmed Tibaoui, délégué aux participations de l'Etat de 1996 à 2002, de faire un travail remarquable, notamment en matière de restructuration industrielle et de préparation aux privatisations. Ce ne fut pas le cas d'Ali Benflis très peu porté sur les questions économiques au point où il ne réunissait pratiquement pas le CPE, mettant ainsi son délégué aux participations dans l'incapacité d'impulser une dynamique aux réformes. Le même scénario risque de se reproduire avec l'actuel chef du gouvernement qui est, comme on l'observe, beaucoup plus à l'aise sur les questions politiques que sur les réformes économiques.