La mobilisation tant sur le plan national qu'international pour la libération de Mohamed Benchicou et de Hafnaoui Ghoul prend de l'ampleur. Un rassemblement exigeant la libération des deux détenus a été décidé pour ce lundi à la place de la Liberté de la presse, à Alger, à l'initiative du collectif des travailleurs du quotidien Le Matin. Cette action, qui coïncide avec la célébration de la fête nationale du 5 Juillet, est ouverte à toutes les énergies faisant de la liberté d'expression leur credo. Le même jour, avons-nous appris, d'autres actions similaires sont prévues dans certaines localités du pays, en Kabylie, à Constantine et à Jijel pour ne citer que ces trois wilayas, et ce, pour faire de cette action une journée de protestation. Sur le plan international, le même jour est prévu un rassemblement à Paris. Il reste que le choix de la date du 5 juillet pour la tenue de cette action n'est pas fortuit. Cette date a été choisie, selon le rédacteur en chef du Matin, Rachid Mokhtari, dans la mesure où « jamais un 5 juillet depuis 1988 n'a été celui de la répression et de l'affront fait à ceux et à celles qui ont défendu les idéaux de Novembre ». Et de renchérir : « Ils ont fait jonction avec le mouvement citoyen national, et pour avoir dit non à l'islamisme armé, aux restrictions des libertés démocratiques et des citoyens. » Cela étant, il convient de signaler que cette action intervient la veille de la nouvelle comparution du directeur du Matin, Mohamed Benchicou, condamné le 14 juin dernier à deux années de prison ferme pour une affaire de bons de caisse suite à une plainte du ministère des Finances. Mohamed Benchicou et la journaliste Abla Cherif viennent d'être destinataires d'une citation à comparaître pour un procès qui les oppose au ministère de la Défense nationale (MDN), lequel les accuse de « diffamation et d'outrage à institutions officielles » dans des écrits ayant trait aux évènements de T'kout (Batna). Et à l'effet de dénoncer une fois de plus ce procès ainsi que « cette véritable machine répressive » qui est engagée contre les journalistes de la presse indépendante, un rassemblement est programmé dans la Maison de la presse Tahar Djaout, le jour du procès de ces deux journalistes. Le même jour, soit le 6 juillet, l'association 20 ans Barakat a programmé, elle aussi, une action symbolique qui consiste en un lâcher de 1000 ballons à partir de la Maison de la presse, portant inscription : « Libérez Benchicou et Hafnaoui ». De la même manière, la Coordination des archs, daïras et communes de Tizi Ouzou (CADC) prévoit, pour sa part, un sit-in devant le tribunal de Sidi M'hamed où aura lieu le procès des deux journalistes. Un procès que qualifie Rachid Mokhtari de « procès de la honte qui révèle l'impuissance du pouvoir qui panique, alors qu'en principe le plébiscite du 8 avril le conforte ». Pour notre interlocuteur, « le pouvoir est désemparé parce qu'en vérité il n'a pas les outils politiques face aux nouvelles forces de la société qui lui échappent ». Ajoutant que « le pouvoir répond naturellement à cette force par une répression systématique qui est à la fois un moyen et un objectif pour lui ». Pour le cas du Matin, selon Mokhtari, « il y a eu l'estocade » depuis le 8 avril dernier. Il explique cela par la succession « rapide » de mesures « arbitraires » contre Le Matin, notamment la mise sous scellés, la vente de son siège social d'Hussein Dey et la nouvelle citation à comparaître pour le directeur du journal. Il est vrai que face à cet « ouragan répressif », un large mouvement de solidarité s'exprime sous différentes forces. Rassemblements, forums, pétitions, motions de soutien... ce sont là les actions quotidiennement initiées que ce soit par la corporation ou les différentes associations de la société civile à l'effet de libérer les deux journalistes « injustement » incarcérés.