Outre la mise en application d'un plan d'occupation du sol (POS), qui risque de métamorphoser la face de ce grand village déshérité malgré lui, El Borma, la zone pétrolière et frontalière, située aux confins des limites territoriales algéro-tunisiennes, vient de bénéficier d'une série de projets qui apportent un plus à la population. Mieux vaut tard que jamais, de l'argent et des projets, inimaginables il y a quelques années, vont voir le jour à El Borma, dont les ressources fiscales n'ont jamais pu lui conférer un autre statut que celui de localité déshéritée et éloignée du centre de décision. En effet, malgré un nombre d'habitants, assez modeste par rapport à ses potentialités économiques et son statut de zone pétrolière, El Borma, daïra frontalière la plus éloignée du chef-lieu de la wilaya de Ouargla (416 km), est paradoxalement celle qui collectionne éloignement, manque de moyens de transport et isolement, essentiellement dus à l'ensablement quasi chronique de ses routes. Les dernières statistiques de la direction de la planification de Ouargla (DPAT) dénombrent 5 200 personnes, dont 49,07% de femmes, illettrées pour la plupart ou ayant le niveau du primaire. En ce début d'année scolaire, c'est toute la question de l'enseignement et de la formation des filles qui se pose avec acuité : la daïra compte en effet trois écoles primaires, soit 23 classes et le taux de scolarisation à 6 ans est bien de 83,76%, mais la déperdition scolaire est très importante à la fin du cycle primaire. En l'absence de chiffres exacts, il suffit d'observer le nombre de filles qui ne regagnent pas le cycle moyen à Hassi Messaoud pour remarquer que la déperdition scolaire est plus importante pour les filles, car les 334 km entre Hassi Messaoud et El Borma n'encouragent pas leurs parents à les envoyer au CEM, et donc à l'internat. Le nombre d'habitants n'ayant pas atteint le chiffre requis pour l'implantation d'un collège, et encore moins d'un lycée, c'est donc la moitié de la population d'El Borma, essentiellement féminine qui est pénalisée par l'absence d'un collège pour le moment, puisque le lancement d'une structure de l'enseignement moyen de 600 places pédagogiques est prévu au courant de l'année prochaine. Le volet formation professionnelle est l'autre tare du système défaillant, car si l'espoir d'accéder à une scolarité normale dans leur localité est nul, l'absence d'une annexe de la formation professionnelle est un autre handicap majeur. La daïra n'a en effet compté qu'une seule tentative d'implantation d'une classe de couture et de broderie en 2002/2003, fermée depuis, pour des raisons non expliquées. El Borma n'aura son premier centre de formation professionnelle officiel qu'en 2008/2009. Selon les données de la DPAT, un centre de 200 places pédagogiques est programmé ; il en est encore à la phase étude et choix du site, mais c'est toujours un espoir pour la localité, qui gagnerait à former sa population rurale dans des métiers essentiels pour sa situation. Malgré l'inexistence d'une officine, la distribution des médicaments se fait presque régulièrement au niveau du centre de santé de la daïra, qui compte également une unité d'urgences médicales, un fauteuil dentaire et deux ambulances. A l'instar du personnel administratif et enseignant, le personnel médical et paramédical est instable, d'où l'opportunité de la programmation d'un perfectionnement du niveau des filles, et de la formation d'aides-soignantes, infirmières et sages-femmes de la localité. Le nouveau El Borma, comme tendent à l'appeler les autorités locales, sera mieux urbanisé. Des aménagements sont en cours pour doter « la ville » de ruelles décentes, d'un jardin public, d'un foyer pour jeunes qui viennent, par ailleurs, de bénéficier d'une bibliothèque municipale de 250 places, d'un centre culturel de 500 places et d'une aire de jeu.