Ce sont les agriculteurs et les plus démunis qui tombent malades. Viennent ensuite les enfants. Les différentes études épidémiologiques sont unanimes : la pauvreté qui s'étend de plus en plus dans les zones rurales et la persistance des conditions difficiles de vie dans des maisons rongées par les eaux remontantes, non raccordées à des égouts et alimentées par une eau potable mais si chaude qu'il faut la refroidir des heures durant avec les moyens du bord, maintiennent le risque typhique à Oued Righ. Des conditions qui font redouter une flambée de la maladie durant le bimestre novembre décembre. Il s'agit selon M. Itim, directeur de la santé et de la population, d'une période à haut risque, notamment à Blidet Amor, petite localité de la daïra de Temacine, à 180 km de Ouargla. 41 cas confirmés dont 37 dans cette commune ont été enregistrés depuis le début de l'année en cours. Ces résultats corroborent les dires des autorités locales qui parlent d'une meilleure maîtrise du dossier MTH. La wilaya avait en effet enregistré 322 cas l'année dernière mais la situation reste instable et peut virer au rouge d'un jour à l'autre puisque le dernier cas a été relevé à Blidet Amor. Classée zone endémique par excellence, Blidet Amor, à l'instar de beaucoup d'autres localités d'Oued Righ, ne dispose pas encore d'un réseau d'assainissement et les populations continuent d'utiliser les fosses communes. La fièvre typhoïde y sévit à l'état endémo-épidémique et pèse lourd en termes de coût de traitement qui s'élève à 40 000 DA par personne. L'absence d'un réseau d'assainissement, l'existence de fosses communes dans toutes les habitations de la localité et les mauvaises conditions de stockage de l'eau potable peuvent réduire à néant les efforts consentis dans la sensibilisation. Cela d'autant plus que l'année 2004 a enregistré les meilleures performances depuis cinq ans aux dires du directeur de la santé. Une campagne de sensibilisation non-stop est organisée par les services sanitaires et communaux afin d'améliorer le contrôle biochimique de l'eau et superviser la javellisation des eaux stockées par les ménages, ce qui a eu pour effet de réduire les cas durant l'automne. Mais la fabrication du fumier par le mélange d'excréments humains et de déjections d'animaux, en totale ignorance des notions élémentaires d'hygiène corporelle et vestimentaire ainsi que l'irrigation de certaines cultures nécessitant beaucoup d'eau avec les eaux usées. La résistance des populations rurales est tenace et il semble plus difficile que jamais de changer les habitudes agricoles non associées à une amélioration de l'hygiène corporelle et du milieu. C'est de pauvreté, de manque d'eau et d'hygiène et de mauvaises conditions de vie qu'il s'agit. Les actions entreprises jusque-là devraient être améliorées et ciblées afin d'éradiquer la maladie et exclure un discours clamant le fait accompli, car, faut-il le rappeler, des sommes colossales sont englouties et les résultats aussi encourageants chaque année dans le cadre de la lutte contre les MTH. La coordination multisectorielle, absente durant plusieurs années, est désormais possible mais il semble qu'une focalisation sur les causes réelles de ces maladies endémiques soit nécessaire maintenant.