Selon Saïd Bouhadja, ce mouvement de contestation prouve qu'il y a une vitalité et un dynamisme au sein du parti. Il est 10h00 du matin, le siège national du FLN à Hydra est pris d'assaut par les contestataires. Une quarantaine de militants ont fait le déplacement de différentes wilayas du pays pour un face-à-face avec la direction centrale du parti. Objet: dénoncer les dépassements enregistrés dans l'opération des listes électorales. «Ce que nous avons constaté cette fois-ci est très grave», nous révèle un ancien militant du vieux parti, croisé à l'extérieur du siège. Venu de la wilaya de Laghouat avec un groupe de militants, ce dernier affirme qu'il était étonné de découvrir des noms de personnes qui n'ont aucune relation avec le parti. «Les listes électorales ont été truquées», intervient en milieu de discussion un sexagénaire vêtu d'une gandourah et d'un chèche. «Nous sommes ici pour protester contre les méthodes malhonnêtes utilisées dans la confection des listes de candidatures», affirme pour sa part un ancien militant du parti venu de Tlemcen. Ce dernier était frappé d'étonnement de découvrir une liste autre que celle dans laquelle il figure au niveau de la commune de Lariche, daïra de Sebdou. «Je ne comprends pas comment une liste examinée et approuvée par le mouhafed est remplacée par une autre à la dernière minute?», s'interroge -t-il avec un visage expressif. «Cette élection annoncera la fin du parti», appréhende Aïssa, un militant de M'sila. «Après ce qui s'est passé, poursuit-il, personne ne va voter pour les candidats du parti, même les militants promettent de boycotter». Les contestataires ne se sont pas tous présentés au siège national, hier. Ainsi au niveau de la mouhafadha d'Oran la situation semble empirer. De très graves accusations ont été portées contre la personne de Abdelhamid Si Afif. Ce dernier a été accusé par la commission chargée de la préparation des listes électorales «de trafic et de vol, de dépassement et de travail de sape qu'il a commis au niveau de la wilaya d'Oran». Les responsables locaux au niveau de cette wilaya prennent à témoin l'opinion publique et les militants du parti sur «les conséquences qui peuvent découler du comportement de Abdelhamid Si Afif». Plus grave encore, on a appris hier qu'une dizaine de communes, au niveau de la même wilaya, ont saisi la justice en vue de geler les listes électorales présentées par le parti. A l'intérieur du siège du parti, la salle de réception est pleine. Ils se sont tous déplacés de l'intérieur du pays pour le même motif. Un mouvement de va-et-vient témoigne du climat de tension dans lequel est plongé le parti. «Rentrez, n'hésitez pas, tout est dévoilé, rien n'est enveloppé du sceau du secret», nous dit un homme posté à la réception. Du coup, la voix d'une dame s'est fait entendre de loin: «Ce sont des corrupteurs qui ont été retenus», clame à haute voix Rabha Tounsi, présidente de l'Association des victimes du terrorisme. Comme la plupart des présents, elle est venue protester contre son exclusion de la liste des candidatures d'Alger. «Les vrais militants du parti ont été tous écartés des listes électorales par les opportunistes et les malhonnêtes», poursuit-elle devant tout le monde. Au premier étage, une foule importante de contestataires attend devant le bureau du directeur de la gestion du parti. Même ambiance au niveau du bureau de Saïd Bouhadja. Des journalistes, des militants et des candidats sont venus le solliciter. Sur place, le décor illustre l'état d'esprit des cadres de la direction. Dépassé par les événements, M.Bouhadja tente de voiler la situation. D'ailleurs, il ne répond même pas à la sonnerie de son portable. Après une heure d'attente, ce dernier nous reçoit enfin dans son bureau. Après avoir présenté les voeux de l'Aïd, il se livre au jeu des questions-réponses. «Tout va bien pour le parti», dit-il en préambule. «Je pense que la méthode adoptée dans la sélection des candidats est claire et nette», poursuit-il d'un air rassurant. «La direction centrale, explique-t-il, n'est pas responsable des dépassements car le choix des candidats a été fait par les mouhafeds et les cadres du parti.» Alors que les contestations continuent une semaine après le dépôt des listes de candidatures, le porte-parole du parti affirme que tout va bien. M.Bouhadja promet que le parti va enregistrer un bon score. «Nous allons rafler la majorité des sièges lors des élections électorales du 29 novembre prochain», assure-t-il. Interrogé sur les parties qui demandent le départ du secrétaire général, Bouhadja répond: «Ce n'est pas Belkhadem qui a sélectionné les candidats.» La grogne qui gagne toutes les structures du parti FLN ne semble guère inquiéter sa direction centrale. Bien au contraire, ce mouvement prouve, selon lui, qu'il y a une vitalité et un dynamisme au sein du parti. «Cette colère va durer à peine 48 heures, il n' y aura jamais de départ de militants du parti», affirme M. Bouhadja.