Les observateurs de la scène politique nationale n'écartent pas un nouveau remaniement du gouvernement qui toucherait quelques départements et même la tête de l'Exécutif. Abdelaziz Belkhadem se trouve-t-il au milieu du goulet? Il ne sait plus où donner de la tête. Sa double casquette de chef du gouvernement et secrétaire général du FLN (Front de libération nationale), le situe au centre des tirs croisés. Son «agenda politique» chargé, dans les deux postes, n'arrange guère sa situation. Le FLN est secoué par une crise interne sans précédent. Depuis plus de deux mois, le vieux parti n'arrive pas à trouver un sapeur-pompier pour éteindre le feu à la maison. La confection des listes électorales en prévision des prochaines élections locales n'a fait que mettre davantage en exergue le malaise où se débat la maison FLN et jeter de l'huile sur les flammes. A l'approche de cet «important» événement, des voix désavouent le comité central du parti accusé d'inertie et de décalage par rapport aux événements. Mouvements de protestation et sit-in organisés devant les différentes mouhafadhas du parti sont en passe de devenir le moyen (le seul?) de se faire entendre par la direction du parti. Même le siège national du parti n'a pas échappé aux mouvements de contestation. Les uns menacent de claquer la porte. Les autres réclament le départ de l'instance exécutive du parti. Pis, des voix exigent même le départ du secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem. A en croire quelques «rumeurs», une pétition circule au niveau même du gouvernement par le biais des ministres FLN, pour exiger le départ de Belkhadem de la tête du FLN. D'ailleurs, cette situation a été soulignée lors de la confection des listes électorales des législatives du 17 mai 2007. M.Belkhadem a été acculé par les fortes pressions quant au choix des candidats. Face à ce dilemme, un sacrifice semble être demandé à M.Belkhadem: céder son poste de SG du FLN ou démissionner de la tête du gouvernement. D'aucuns estiment la position d'Abdelaziz Belkhadem assez délicate pour le contraindre, non pas à céder l'une de ses caquettes mais les deux à la fois. S'il est aujourd'hui à la tête du gouvernement, c'est grâce à son statut au FLN, première force politique du pays. Par ailleurs, outre les remous internes au FLN, Abdelaziz Belkhadem fait face, en tant que chef du gouvernement, à de nombreux problèmes dans la gestion de son cabinet. A environ 15 mois de la fin du deuxième mandat du président de la République Abdelaziz Bouteflika, beaucoup de chantiers restent inachevés sinon en plan. Un retard considérable est constaté dans l'état d'avancement des «chantiers du président». A titre d'exemple, le projet d'un million de logements risque de ne pas être concrétisé d'ici à avril 2009. Plusieurs dossiers traînent encore dans les tiroirs. Les réformes des structures de l'Etat dans lesquelles le pays s'est engagé sont toujours en stand-by. Même le président de la République a constaté cet état de fait. Dernièrement, M.Bouteflika a lancé une série d'auditions de la composante gouvernementale. Plusieurs départements ont été passés à la loupe. Idem pour les représentants des collectivités locales. Après deux jours de travaux en ateliers, les walis passent aujourd'hui leur examen au Palais des Nations. Après les auditions des ministres et des walis, Abdelaziz Bouteflika aura fait son diagnostic et établi son bilan, notamment en ce qui concerne les taux de réalisation du programme présidentiel. Sans aller par trente-six chemins, l'échec de la majorité des départements est visible sur le terrain. Du responsable de l'Etat aux «hommes politiques» de la scène nationale en passant par le simple citoyen, tout le monde est conscient de cette vérité. Et tout le monde dénonce. Sur cette question, la position du chef de l'Etat est connue. Elle est même très claire. L'actuel gouvernement est chargé d'appliquer le programme du président. Il doit assumer pleinement ses responsabilités. C'est dans cette optique qu'un bon nombre d'observateurs n'écartent pas la possibilité de recourir à un remaniement ministériel. Aux yeux de ces derniers, un changement s'impose. En outre, et à l'approche des prochaines élections locales, un Exécutif neutre à la tête du gouvernement est réclamé, notamment par «la classe politique nationale», indiquent certaines sources, se référant à la demande émise par le MSP. Plusieurs formations politiques ont ainsi emboîté le pas au MSP pour revendiquer un gouvernement sans attache partisane. L'autre hypothèse, soutenue par les mêmes observateurs qui estiment qu'un changement à la tête de l'Exécutif est probable, est le silence marqué du chef du gouvernement à propos de quelques questions politiques qui reviennent de façon cyclique sur la scène nationale. Ayant suscité beaucoup de bruit, la révision de la Constitution est désormais semble-t-il, un projet mort-né. Après avoir confirmé maintes fois que l'amendement de la Constitution aura bien lieu et dans «un proche avenir», le chef de l'Exécutif a, selon certaines sources, tourné la page sur la question. Il y a lieu d'ajouter à tout cela, l'ébullition du front social, induit par l'inexplicable hausse des prix des produits de première nécessité. Ainsi, le glas est-il en train de sonner pour M.Belkhadem?