Sur les 50 établissements universitaires répartis à travers le territoire national, 34 d'entre eux ont répondu favorablement à l'appel lancé par le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) pour l'organisation de trois journées de protestation avec un arrêt de travail. De prime abord, M. Rahmani, coordonnateur national du Cnes, a tenu à dénoncer au deuxième jour de la contestation l'acharnement du directeur de l'Ecole nationale supérieure de l'hydraulique contre une enseignante ayant adhéré au mouvement de protestation. Cette dernière a reçu une convocation d'un huissier de justice lui ordonnant de se présenter au tribunal après une plainte déposée par le chef de l'établissement. « Nous déplorons ces pratiques révolues et nous réaffirmons que les enseignants ont le droit de recourir à la protestation pour réclamer l'amélioration de leurs conditions de travail. Notre action est légitime », a souligné l'orateur, qui persiste et signe que le Cnes reste une force nationale ayant le pouvoir de mobiliser et de paralyser l'université de manière générale. Se prononçant sur l'initiative du Cnes, les responsables du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique l'ont qualifiée d'un non-événement. Selon eux, aucun des rapports parvenus au ministère ne fait allusion à la grève ni n'a cité une quelconque perturbation. Les cours ont eu lieu le plus normalement. « En plus, une grève décidée par la base est précédée automatiquement d'un préavis de grève déposé pendant une durée bien déterminée au niveau de la tutelle. Une procédure qui n'a malheureusement pas été respectée par le Cnes », ont déclaré les responsables du ministère. Répliquant à ces propos, M. Rahmani fustigera la tutelle qui, de son avis, devrait s'inquiéter de l'avenir de l'université et de trouver une solution appropriée à la crise profonde qui la secoue et aussi au sort d'un million d'étudiants. « Nous connaissons parfaitement les lois de la République et celles régissant le droit de grève. Nous avons appelé à des journées de protestation avec arrêt de travail et non pas à une grève générale. D'ailleurs, si c'était le cas, nous aurions assumé pleinement cette action », a soutenu le premier responsable du Cnes, alors que l'enseignant universitaire n'a pas cessé depuis 15 ans de revendiquer un salaire décent. Un salaire digne de son statut. Concernant l'évaluation de la deuxième journée de contestation, les responsables du Cnes ont affiché leur satisfaction quant à la forte mobilisation observée dans les campus. Toutefois, M. Rahmani fera remarquer, afin d'éviter tout amalgame, que le Cnes a donné instruction à toutes les sections pour ne pas pénaliser le déroulement des concours de magistères et de l'école de doctorat. « Dans certains établissements, l'activité pédagogique n'a pas été perturbée parce que le Cnes a donné des orientations dans ce sens. Il y a lieu aussi de rappeler que les enseignants vacataires ne peuvent pas adhérer à un mouvement de protestation », a souligné l'orateur qui précisera que certains établissements universitaires, à l'instar de Bouira, n'ont pas observé d'arrêt de travail parce que les établissements fonctionnent avec 80% d'enseignants vacataires et les 20% d'enseignants permanents sont opérationnels au niveau de l'administration. Pour ce qui est de l'université des sciences et de la technologie Houari Boumediène (USTHB), de l'USTO d'Oran et de Blida, les activités des sections Cnes sont gelées, d'où la non-adhésion des enseignants au mouvement de protestation.