Le mouvement a été largement suivi, selon le Cnes. Les enseignants du supérieur ont favorablement répondu, hier, à l'appel pour la tenue de deux journées de protestation lancé par leur syndicat, en l'occurrence le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes). Contacté par nos soins, le coordinateur national de ce syndicat, M.Ali Boukaroura, n'a pas caché sa satisfaction en déclarant que le mouvement «a été largement suivi à travers le territoire national». A Alger, ce constat était visible. A l'Université des sciences humaines et sociales de Bouzaréah, les enseignants enchaînaient les assemblées générales et les différents départements que nous avons visités étaient paralysés. Seuls les enseignants vacataires ont assuré normalement les cours et les examens. «Nous avons passé notre examen», nous a indiqué une étudiante rencontrée au département des langues étrangères justifiant cela par le fait que son professeur n'est pas concerné par le mouvement parce qu'elle est vacataire. Effectivement, les étudiants installés dans quelques salles passaient sereinement leurs épreuves. D'autres, par contre, étaient rassemblés en petits groupes dans les couloirs. «Nos enseignants sont venus pour nous annoncer qu'ils observaient un arrêt de cours puis ils sont ressortis», nous dira encore une étudiante en psychologie. Ces étudiants disent «soutenir leurs enseignants». Les protestataires se sont réunis donc pour discuter de ce mouvement, de la situation à laquelle est arrivée l'université algérienne mais aussi pour évoquer la décision prise, mardi dernier, par la justice, décrétant illégale la grève d'une semaine décidée par le Cnes. Carence en infrastructures, absence d'une valorisation conséquente des salaires et d'une amélioration sensible des conditions de travail, seraient autant d'ingrédients susceptibles de faire le lit de la colère des enseignants. «Nous sommes à notre énième grève et nous ne voyons aucun point formulé dans notre plate-forme de revendications se concrétiser. Notre combat risque ainsi de durer», a lancé une enseignante d'anglais. Elle enchaîne: «Nous ne prenons pas les étudiants en otage. Mon fils est aussi étudiant et je suis donc directement concerné». Mais cette corporation réclame, aussi, l'élaboration d'un statut pour l'enseignant. Fouad Djemaï, syndiqué au Cnes et délégué d'Alger fait remarquer «notre salaire est quatre fois moindre que celui que perçoivent nos voisins Tunisiens et Marocains». «Cependant, réplique-t-il, nos doléances dépassent le cadre socioprofessionnel. Cela fait neuf ans que nous attendons le statut de l'enseignant, vainement». Selon lui, le recours de la tutelle à la justice était une action attendue par les syndicalistes. Au niveau des différentes wilayas du pays où le Cnes est représenté, le même constat a été établi. A Tizi Ouzou comme à Constantine, les enseignants du supérieur ont répondu à l'appel de leur organisation syndicale. A Béjaïa, par contre, la journée de protestation a été peu suivie. Cela s'explique par la faible implantation du Cnes dans cette wilaya. Les revendications des enseignants s'articulent autour de la révision des salaires, l'élaboration d'un statut pour l'enseignant du supérieur, le logement social, la démocratisation ainsi que la révision de la politique de gestion de l'université.