Les vieux démons de la France coloniale continueront à visiter la France d'aujourd'hui tant qu'elle refusera de les regarder en face. L'écrivain Jean Philippe Ould Aoudia exige de la France officielle non seulement de regarder ses vieux démons, mais surtout de ne pas les glorifier. Auteur du livre La bataille de Marignane, Jean Philippe Ould Aoudia fustige « la caution du pouvoir politique apportée aux nostalgiques de la période coloniale ». Faisant le parallèle avec la commémoration de l'exécution du résistant français Guy Môquet par les nazis, l'écrivain français plaide pour une dénonciation des crimes commis par l'OAS. Jean Philippe Ould Aoudia, soutenu par un collectif d'associations, d'historiens, d'écrivains et de politiques français, conteste la présence actuelle des membres de l'organisation terroriste au cœur de la République française. Il estime dans un communiqué que « le souvenir du sacrifice de Guy Môquet serait moins ambigu si par ailleurs le pouvoir politique n'apportait pas sa caution aux nostalgiques de la période coloniale qui honorent et justifient aujourd'hui les crimes commis par l'OAS ». L'intellectuel français, dont le père fut assassiné avec cinq de ses collègues et l'écrivain algérien Mouloud Feraoun en 1962 dans les locaux des centres sociaux éducatifs, dénonce l'érection de stèles commémoratives en l'honneur des assassins membres de l'OAS. Ould Aoudia évoque Mouloud Feraoun, dont il dit que la « féroce bêtise a assassiné froidement et délibérément ». Les membres du collectif condamnent l'article 13 du 23 février 2005 indemnisant les membres de l'OAS. L'abrogation de l'article 4 de cette même loi glorifiant le colonialisme n'est qu'une goutte d'eau dans le marécage de l'apologie de la colonisation. Le même collectif, qui compte parmi ses membres les amis des éditions Tirésias et mémoires partagées, la ligue des droits de l'homme et le mouvement contre le racisme, estime que « le refoulé de la guerre d'Algérie donne lieu aujourd'hui à un conflit des mémoires, et les fils de victimes de l'OAS réclament ici que justice soit rendue à leur mémoire ». Michel Reynaud, directeur des éditions Tirésias, considère que la France « doit régler son compte à son histoire, sinon on ne s'en sortira jamais, notamment face à ces renégats, ces assassins de l'OAS ». Le sénateur Jean Pierre Michel, qui dénonce aussi la folie meurtrière de l'OAS, estime pour sa part que la France « n'est pas encore prête à reconnaître tous les crimes coloniaux ».