Deux inspecteurs spécialisés dans la filière histoire, membres de la commission nationale de suivi des programmes et manuels scolaires et rédacteurs du livre scolaire de l'éducation civique destiné aux écoliers de la cinquième année primaire, seront traduits incessamment devant la commission de discipline. Ces deux inspecteurs sont coupables d'avoir reproduit un « vieux document », datant des années 1980, dans le manuel de l'éducation civique. Un document ne comportant pas le troisième couplet de l'hymne national. « Les rédacteurs du manuel scolaire amputé d'un passage essentiel de l'hymne national se sont apparemment trompés de copie. Ceci est très grave et démontre que ces deux inspecteurs n'ont pas pris le soin de vérifier leurs informations. Ils répondront de leur acte devant la commission de discipline », s'est précipité d'annoncer M. Boumaâraf, conseiller à l'information au niveau du ministère de l'Education nationale. Cette décision a été prise suite à l'enquête diligentée par M. Benbouzid, ministre de l'Education nationale. Fautes très grave Sitôt la commission d'enquête ayant rendu son verdict qu'une autre a été installée pour situer les responsabilités concernant les erreurs détectées dans les livres d'histoire de la cinquième année primaire et de la quatrième année moyenne. Une autre erreur et pas des moindres a été relevée par les enseignants dans le livre de physique. Il s'agit d'une photo d'un physicien prénommé Thomas ayant vécu en l'an 1600 qui accompagne un texte qui évoque un physicien du même nom mais qui a vécu en 1900. Les auteurs de ce manuel se sont trompés d'époque, fera remarquer sur un ton ironique un enseignant. Ces erreurs qualifiées de très graves par les enseignants ont suscité la réaction des parents d'élèves et de la société de manière générale. Voulant connaître l'origine du problème, le porte-parole de M. Benbouzid s'est lancé dans de longues explications. Des arguments rejetés en bloc par les enseignants et les syndicalistes du secteur de l'éducation. Dressons d'abord les justificatifs de M. Boumaâraf : celui-ci estime qu'il n'est pas facile d'imprimer des milliers de manuels scolaires et des centaines de titres en un temps record. A ce rythme, des erreurs techniques peuvent se glisser sans que les auteurs de ces ouvrages ne s'en rendent compte mais l'important, de son avis, est de repérer ces fautes au moment opportun afin d'apporter les corrections nécessaires. « Des erreurs dans les manuels scolaires ont été signalées par les services du ministère de l'Education et des directives très fermes ont été données par le premier responsable de tutelle pour l'ouverture d'une enquête notamment pour déterminer les responsables des erreurs survenues sur des thèmes extrêmement sensibles tels que l'histoire de notre pays », a déclaré M. Boumaâraf qui rappellera que le manuel scolaire passe par un long processus avant d'arriver à la dernière étape qui est l'édition. Avant de livrer le produit fini, des spécialistes, selon M. Boumaâraf, veillent à sa conformité et vérifient par la même le fond et la forme. Il existe, nous révèle notre interlocuteur, des comités de lecture pour chaque spécialité mais le problème de massification fait défaut. Sur ce point précis, les syndicalistes épinglent les responsables du ministère et accusent ce dernier de ne pas choisir les hommes qu'il faut au poste qu'il faut. M. Ider de l'Unpef va plus loin dans ses critiques, il estime qu'il est très grave et impardonnable de laisser passer cette situation sous silence. De telles erreurs dans des manuels destinés aux enfants entraîneront normalement, selon M. Ider, la démission non seulement du ministre de l'Education, mais du gouvernement dans son ensemble. M. Ider a tiré à boulets rouges sur les membres de la commission de suivi des programmes et manuels qui n'ont de membres que le titre. « Ce qui intéresse les personnes choisies pour rédiger et relire les manuels scolaires c'est uniquement l'argent. Elles n'ont aucune conscience professionnelle », a tonné M. Ider. En remontant dans le temps, M. Ider remettra en cause même le processus de réforme du système éducatif. « Nous sommes confrontés à un problème d'ensemble. Nous ne cessons de ressasser que le gouvernement a fait dans la précipitation en matière d'application de la réforme du système éducatif. Le ministère de l'Education a procédé à la refonte des manuels avant de former les personnes qualifiées pour cette mission pourtant très délicate et importante », a soutenu M. Ider qui s'est interrogé quant à l'existence de la commission de lecture et de correction. Ignorance « Le travail de celle-ci porte sur la lecture minutieuse des manuels. Ces personnes ignorent-elles à ce point l'histoire de l'Algérie et la guerre de Libération ? Comment peuvent-elles laisser passer de telles anomalies ? », a soutenu M. Ider. Pour sa part, M. Mériane du Snapest estime que les responsabilités sont un peu floues dans cette affaire. Il accusera à son tour les membres de la commission qui ont fait « du copier-coller ». M. Mériane qui politise l'affaire rappellera que dans les années 1980, l'ex-président de la République, Chadli Bendjedid, avait supprimé quelques jours après sa visite en France le troisième couplet de l'hymne national. « Si pour des raisons économiques et politiques ont devrait ménager la France, il suffit tout simplement d'informer les Algériens et d'impliquer le Parlement », lancera avec amertume M. Mériane qui accusera par la même les auteurs du manuel d'histoire d'avoir traduit intégralement et apparemment dans la précipitation un livre français. « Le passage citant la France comme étant le libérateur au lieu du colonisateur figure dans le livre d'histoire destiné aux écoliers français. Les rédacteurs algériens ont fait dans le plagiat », a expliqué M. Mériane.