Lors de son déplacement à Oran, Hervé Novelli a affiché sa détermination à soutenir la prospection des entreprises françaises dans ce marché oranais qui offre de nombreux débouchés dans une région qui abrite une part importante du tissu économique du pays. L'Oranie est la deuxième plateforme d'implantation française en Algérie. Oran : De notre bureau Les opérations « Cap Export » en terre algérienne, sont-elles parties pour bien durer ? Le pays qui importe 21 milliards de dollars de biens de consommation chaque année, est toujours le premier client de la France en Afrique, selon les estimations de la banque d'Algérie qui semblent bien inspirer les officiels français. "Je suis à Oran pour montrer que la France entend être présente et améliorer la coopération entre les deux pays, a déclaré à El Watan M. Novelli secrétaire d'Etat auprès de la ministre française de l'Economie, des Finances et de l'Emploi, chargé des Entreprises et du Commerce extérieur, qui visitait la Foire internationale d'Oran (FIO), salon qui réunit 110 exposants issus d'une dizaine de pays, et qui attire chaque année plus de 70 000 visiteurs. Algériens et français ont fini d'identifier trois filières et un protocole d'accord bilatéral a été signé pour consacrer une coopération dans l'agroalimentaire, la pharmacie et l'automobile. Ces dernières années ont été marquées par l'implantation de grands groupes français, qui ont investi dans l'agroalimentaire (Danone, Castel, Bel). Dans le secteur pharmaceutique, Sanofi Aventis est présent en Algérie. Dans l'automobile, hormis le groupe Michelin qui a investi ces dernières années, et au-delà des intentions, c'est la désillusion : les algériens qui sont pourtant de très bon clients chez Renault ne comprennent pas pourquoi cet industriel français a choisi d'implanter une unité d'assemblage au Maroc et pas en Algérie. Pour tenter de réconforter les algériens, M. Novelli révélera dans les colonnes de la presse cette semaine, que "des projets sont en cours de définition et pourraient apporter de bonnes surprises dans le secteur automobile, mais aussi dans le domaine de l'industrie du transport au sens large”. La visite d'Hervé Novelli vise à susciter de nouvelles opportunités commerciales pour les entreprises françaises en terre oranaise. Un déplacement qui intervient un mois après la réouverture du consulat de France à Oran qui comptera dès le 1er novembre prochain une antenne économique. Une antenne appelée à encadrer et impulser une intensification des relations économiques franco-algériennes, en Oranie. Le déplacement à Oran du secrétaire d'Etat français qui était accompagné de quelques parlementaires français, fait partie d'une série d'une quinzaine de missions qu'Hervé Novelli a effectué dans différents pays. Des missions ayant pour but de soutenir les entreprises françaises dans leur développement sur des marchés étrangers et permettre à la France de renforcer sa part de marché à l'international. Hervé Novelli qui a rencontré la communauté des affaires et les chefs d'entreprises algériens et français, dans la soirée du mercredi dernier , n'était pas accompagné d'une délégation d'entreprises, ni encore moins d'investisseurs, comme c'est le cas de ses visites dans d' autres pays. Pas d'annonce non plus sur les détails de projets économiques structurants en perspective. Il préfère laisser les annonces au chef de l'Etat français attendu à Alger, vers le début décembre. Ce déplacement à Oran, est exclusivement axé sur les opportunités susceptibles d'introduire les entreprises françaises sur le marché oranais. L'Oranie est appelée à abriter trois pôles en hydrocarbures (Arzew, Tiaret et surtout Beni-Saf où viennent d'être investis 5 milliards de dollars). Des PME en quête de partenariat L'Oranie est aussi un vivier de PME à la recherche de partenariats. Une région qui connaît un développement remarquable imputable à une rente pétrolière jamais égalée, et dont la proximité de son pôle maritime avec des ports français en fait une cible privilégiée pour les exportations Nord-Sud. Les relations commerciales entre les ports d'Oran et son homologue de Set ont été fortifiées à la faveur d'un pont logistique récemment créé. A l'échelle du pays, la Banque d'Algérie fait état d'échanges bilatéraux qui "ont doublé de 2000 à 2006, en passant de 4,4 Mds euros à 8,2 Mds euros. L'an dernier est marqué par un retournement du solde commercial bilatéral, en excédent pour l'Algérie (de 105 M euros) alors que le pays accusait encore en 2005 un déficit de 981 M euros." Cette évolution résulte non seulement de l'accroissement de la manne pétrolière , mais aussi de la chute des exportations françaises, accentuée par la hausse de la monnaie européenne par rapport au dinar . La France demeure de loin le premier fournisseur de l'Algérie avec une part de marché qui a toutefois dégringolée de 24 à 20,6% en trois ans. Même amorçant une croissance et régulière depuis 2003, passant de 51 à 295 M USD en 2006, les investissements français sont encore jugés "timides" . Seuls 300 millions de dollars d'investissements directs et 250 filiales de groupes français sont présentes en Algérie, (20.000 emplois). Le parent pauvre, on le voit bien, reste sans conteste l'investissement. "Faux", répond le conseiller commercial de la mission économique de l'ambassade de France en Algérie, Jean-Paul Paoli qui intervenait lors d'un débat "sur le partenariat franco-algérien dans l'Ouest", organisé par la chambre française du commerce et de l'industrie en Algérie. "Après un accroissement de 75% en 2005, les flux d'IDE français ont plus que doubler en 2006 (+111%)", se félicite M. Paoli. La France vient en seconde position dans les flux d'investissements après les USA (369 millions de dollars). M. Paoli tout comme M. Novelli, n'aiment pas entendre parler de "frilosité". A notre question de savoir ce qu'il y a de concret comme projets entre les deux pays et comment son département, et partant le gouvernement français, compte réorienter les rapports franco-algériens qui sont jusque là essentiellement à vocation commerciale, en partenariats et en investissements en terre algérienne, M.Novelli estimera que français et algériens sont, désormais appelés à développer des liens de partenariats, à travers les transferts de technologies et des formations. La France renforce sa position de premier investisseur hors hydrocarbures en Algérie avec 245 M USD (soit 26% du total des IDE hors hydrocarbures), loin devant l'Espagne et l'Egypte (157 M USD). En flux cumulés depuis 1998, la France constitue le second investisseur tous secteurs confondus derrière les Etats-Unis avec 1,02 Md USD, soit près de 15% du total des flux entrants sur la période. Des flux financiers qui n'ont pas manqué d'encourager les grands groupes français à s'implanter en Algérie. BNP Paribas, Société Générale, Natixis, Calyon et le CIC ne cessent d'élargir leurs réseaux d'agences respectifs à travers le pays. Des groupes qui sont d'ailleurs pour certains, candidats au rachat du CPA appelé à être privatisé à l'instar d'entreprises publiques qui semblent intéresser une bonne quinzaine de sociétés françaises candidates à leur reprise.