M. Addou, wali d'Alger, s'accroche à la mesure d'imposer une ligne bleue sur la rocade Sud. Pour lui, comme toute nouvelle réforme qui s'inscrit en porte-à-faux avec la réalité, le dispositif adopté le 6 octobre bute nécessairement sur des réticences. C'est trop tôt, assure-t-il, de décider de l'efficacité de pareille opération. Obligatoire sur l'axe reliant Zéralda à Réghaïa, celle-ci demeure incomprise. Pour ses promoteurs, seuls les transports en commun de moins de 10 ans, les véhicules particuliers utilisés pour le covoiturage circulant avec trois personnes et plus, les taxis en service, ou encore les véhicules prioritaires des différents corps constitués peuvent emprunter cette ligne. Mais personne ne semble prendre trop cas de la note. Les usagers de la route sont sceptiques et quelques-uns en ressentent déjà les effets : des procès-verbaux leur sont dressés à tout-va. Pourtant, les responsables n'ont pas indiqué les sanctions pécuniaires qu'encourent ceux qui se trouveraient en infraction. Est-ce un oubli pour ne pas donner l'image d'une décision répressive et contraignante ? Assurément. Ces automobilistes se verront rabroués s'ils décident de s'arrêter ou de réduire la vitesse sur la bande gauche délimitée par la ligne bleue. Les mis en cause seront obligés de quitter le couloir pour aller sur un autre qui leur est pourtant interdit. Les citoyens s'interrogent sur ces mesures « répressives » alors que les instances affirment que le dispositif est toujours en phase d'expérimentation, donc pas passible de sanctions. Les automobilistes exposés à souffrir de cette nouvelle disposition sont ceux venus de l'extérieur de la capitale ou tout simplement des communes de la périphérie de la capitale. « Rien ne nous oblige à respecter la ligne bleue surtout que la campagne hésitante n'est intervenue que quelques jours avant sa mise en vigueur et n'a pas pris une dimension nationale », relève un citoyen des Eucalyptus verbalisé. Pour un autre, au lieu de régler le problème, d'autres ont vu le jour. « Nos routes ne s'y prêtent pas. L'embouteillage est une donnée à laquelle on ne peut échapper. J'en ai fait l'expérience en suivant la ligne du milieu mais je ne suis arrivé chez moi qu'après des heures », soutient-t-il en disant que l'obligation faite aux véhicules de transport en commun de rouler sur la bande la plus à gauche est « ubuesque ». « Les transporteurs sont obligés d'aller déposer les voyageurs à la gauche de la chaussée. Ainsi, un slalom terrible leur est imposé », explique-t-il. Aussi, la nuit, ces lignes ne sont pas visibles. Difficile pour les automobilistes de suivre leur parcours, les lignes peintes en blanc étaient plus phosphorescentes. Certains se sont demandés s'il n'était pas plus raisonnable de ne se tenir à la réglementation que le jour ? Saura-t-on y remédier ? Rien n'est moins sûr lorsque le wali lui-même rejette sur les usagers de la route la responsabilité de l'échec de cette opération copiée par un « illuminé » pour un contexte qui ne s'y prête aucunement. Une évaluation périodique sera faite de ce procédé qui ne semble pas trop convaincre les services de sécurité qui seront mis à rude épreuve. Pour les voix discordantes qui se font toujours entendre, au lieu d'engager tous les moyens pour faire respecter la ligne jaune, les autorités ressortent une autres ligne, bleue celle-là. « Veut-on par là décourager les automobilistes ? », s'interrogent-ils.