Le marché boursier d'Alger a connu une longue période de stagnation. Quelles en sont, selon vous, les véritables raisons ? Le marché boursier d'Alger a, en effet, connu une stagnation qui a duré quatre bonnes années. Cela étant, je considère, pour ma part, que cette stagnation était inévitable, car la Bourse fonctionnait sur la base de mécanismes techniques et organisationnels mis en place de façon provisoire. Alors qu'ils devaient évoluer progressivement, ces mécanismes sont restés tels quels, ce qui a fait que l'alimentation du marché en valeurs mobilières s'est pour ainsi dire arrêtée. Sur quelles bases se fonde la nouvelle démarche amorcée ces derniers mois en vue de favoriser la relance du marché boursier d'Alger ? La mise en branle de la démarche de relance du marché boursier n'a été rendue possible qu'après la mise en pratique des mesures de restructuration qui s'imposaient. Ces mesures portaient en fait sur la mise en adéquation du cadre organisationnel et institutionnel du marché, ainsi que sur la formation des acteurs et des différents intervenants. Aujourd'hui, nous comptons encore compléter cette démarche en lançant très prochainement un nouveau chantier qui consiste en un large plan de communication visant la vulgarisation de la pratique boursière. L'ensemble des acteurs de la place financière d'Alger est appelé à être partie prenante de cet important chantier. La relance de l'activité boursière semble passer dans une première phase par une réanimation du marché obligataire. Qu'en était-il exactement ? Il faut savoir que les marchés obligataires, même quand il s'agit d'opérations hors Bourse ou sur le marché de gré à gré, représentent quelque 80% de l'activité des marchés financiers à travers le monde. A l'échelon local, je crois qu'il y a aujourd'hui une réelle volonté des pouvoirs publics d'œuvrer à promouvoir le marché financier domestique et à permettre à la Bourse de retrouver un second souffle. Et c'est en effet dans cette logique que s'inscrivent les différentes opérations d'appels publics à l'épargne et de lancement d'obligations dont certaines vont être cotées en Bourse, comme c'est le cas pour l'emprunt d'Air Algérie, tandis que d'autres sont destinées exclusivement au marché de gré à gré. Après près d'une semaine de l'ouverture de la période de souscription, peut-on savoir si l'emprunt obligataire d'Air Algérie suscite effectivement l'engouement des petits épargnants ? Il est encore trop tôt pour pouvoir mesurer l'intérêt du public pour la souscription des obligations d'Air Algérie, et ce, d'autant plus que cette période du Ramadhan n'est pas très propice l'épargne. Je crois en fait que l'engouement des épargnants se fera sentir davantage dans les quelques jours à venir. Du reste, il est important de préciser que la partie destinée au public sur l'emprunt obligataire d'Air Algérie sera illimitée. Si les particuliers absorbent tous les titres proposés actuellement à la souscription, il y aura en effet une autre tranche de l'emprunt qui sera accessible au public et le déroulement de l'opération se poursuivra sur ce même principe jusqu'à la collecte du montant de près de 25 milliards de dinars qui représente l'encours global des obligations d'Air Algérie. D'autres entreprises se sont-elles déjà engagées à émettre des titres de créance sur le marché obligataire pour y collecter de l'argent frais ? Un nouvel emprunt obligataire devra être lancé avant la fin de l'année en cours par Sonelgaz. La première tranche de l'emprunt sera proposée sur le marché de gré de gré en faveur des seuls épargnants institutionnels (compagnies d'assurances et institutions financières, ndlr). La seconde tranche sera, quant à elle, ouverte à la souscription d'un large public. Hormis Sonelgaz, d'autres entreprises, notamment Naftal, ont également affiché leur intention de recourir au marché obligataire dans les quelques mois à venir. Pour ces entreprises, il s'agira ainsi de faire face à leurs besoins de financement en empruntant de l'argent auprès d'un large public comme le fait actuellement Air Algérie dans le but de financer le renouvellement de sa flotte. Qu'en est-il du lancement officiel des privatisations partielles par la biais de la Bourse, donc de l'alimentation du marché en titres de capital, c'est-à-dire de l'introduction de nouvelles actions à la cote ? Le Conseil des participations de l'Etat (CPE) a officiellement décidé du lancement de onze opérations d'ouverture de capital social, soit la privatisation partielle de onze entreprises publiques par la biais de la Bourse. Ces entreprises, notamment le premier lot qui comporte quatre d'entre elles, doivent s'y préparer préalablement, en procédant surtout à l'évaluation de leurs patrimoines respectifs. Même si de tels préparatifs demandent un certain temps pour être menés à bien, je pense quand même que la première opération d'émission d'actions sur le marché boursier devra intervenir courant 2005, et ce, qu'il s'agisse d'une offre publique de vente (OPV) ou d'un appel public à l'épargne pour augmentation de capital. Les entreprises privées commencent-elles, pour leur part, à manifester une volonté d'adhérer au jeu de la Bourse ? Les privés commencent en effet à s'intéresser à la Bourse. Il y a déjà une initiative prise en ce sens par un opérateur privé qui active dans la branche liège et dérivés et qui est d'ailleurs exportateur. Cet opérateur a clairement manifesté son souhait de faire coter son entreprise en Bourse. La société du dépositaire central Algérie Clearing a effectué récemment son entrée en activité. A-t-elle enclenché concrètement le passage à la dématérialisation des titres boursiers ? Le dépositaire central des titres est, de fait, opérationnel et peut désormais traiter, dans le respect des standards internationaux, toute opération boursière qu'on lui confierait. C'est d'ailleurs le cas actuellement avec le traitement des obligations émises par la compagnie Air Algérie. S'agissant des titres des trois entreprises déjà cotées en Bourse, en l'occurrence Saïdal, Eriad-Sétif et El Aurassi, un délai d'un mois sera fixé très prochainement en vue de procéder au ramassage des certificats d'actions auprès des petits porteurs. Par la suite, commencera la dématérialisation de ces titres à travers leur inscription sur des comptes titres, couplés à des comptes espèces, afin de permettre un déroulement rapide et dématérialisé des transactions, sous forme de transferts de compte à compte par simple jeu d'écriture. Il faut préciser également que toute nouvelle opération boursière sera traitée suivant les procédures de dématérialisation ainsi décrites, de même que le versement des dividendes sur les actions s'effectuera par simple inscription sur des comptes ouverts auprès des agences bancaires par les porteurs de titres.